de Romain Gavras (Fr, 1h34) avec Karim Leklou, Isabelle Adjani, Oulaya Amamra...
Afin de réunir des fonds fissa, François accepte de superviser pour un caïd psychopathe un convoi de drogue d'Espagne vers la France. Le deal tournant au fiasco, François appelle Danny à l'aide. En plus d'être une cheffe de gang, Danny est sa mère...
Connu pour sa maîtrise du format clipé (il fut l'un des initiateurs du mouvement Kourtrajmé), Romain Gavras avait fait des débuts timides dans le long-métrage avant de retourner à ses amours brèves. Symphonie ludique flashy et syncopée, Le Monde est à toi découle autant du film de genre "soderberghisé" que de la réunion de bras cassés "guyritchiques". Ce thriller pimpé en récréation bariolée pour enfants pas sages possède, outre un rythme soutenu et une image canon, un argument de poids dans son interprétation plaçant (enfin) Karim Leklou aux avant-postes. Face à lui, Oulaya Amamra confirme que Divines n'était pas un météore, tandis que Vincent Cassel joue les hommes de main ductiles et que l'on savoure la si rare Isabelle Adjani.
Ce qui est rare est cher ; c'est dire combien sa présence au cinéma est précieuse. Exubérant, possessif, séducteur et manipulateur, le personnage Danny a sans doute été écrit pour elle, sur la foi de ses prestations passées. Mais elle le transfigure et le porte ailleurs, telle une tragédienne antique déclamant les plus belles saillies d'Audiard bougeant comme Joe Pesci chez Scorsese.
Le match virtuel opposant depuis plus de quarante ans les deux Isabelle du cinéma français ressemble à une rencontre de football aux prolongations multiples. Isabelle Adjani étant d'ascendance maternelle bavaroise – confirmant au passage que les peuples gagnent à se rencontrer –, Isabelle Huppert devrait arrêter d'essayer de refaire son retard en enchaînant les tournages et emplois prétendument décalés (du genre Madame Hyde). Car le théorème de Lineker est implacable : « à la fin, ce sont les Allemands qui l'emportent ». Sauf au foot, bien entendu...
Sortie le 15 août