de Gastón Duprat (Esp- Arg, 1h41) avec Guillermo Francella, Luis Brandoni, Raúl Arévalo...
Galeriste à Buenos Aires, Arturo est las de soutenir Renzo, un ami peintre jadis à la mode, mais aujourd'hui dépassé et aigri. Alors qu'il vient de saborder une magnifique chance de se refaire, Renzo est victime d'un accident qui le laisse amnésique. Pour Arturo, c'est une occasion en or...
Coréalisateur de l'excellent Citoyen d'honneur (2017), Gastón Duprat continue d'explorer les saumâtres coulisses de la création artistique, jetant ici son dévolu sur un plasticien et son nécessaire double, conjointement homme-lige et parasite, le galeriste. Car dans ce duo complexe (l'un s'acquitte de l'art, l'autre des chiffres), bien malin qui saurait les départager en terme de filouterie : le peintre se vante d'être ontologiquement ambitieux et égoïste (il prétend que c'est une condition sine qua non pour exercer son métier), le marchand ne fait pas mystère de sa passion pour les dollars.
À partir de ces deux personnages en apparence peu fréquentables, Duprat compose pourtant une touchante ode à l'amitié, glissée dans une pétillante comédie bifurquant vers le thriller. Tournant en ridicule les fats, les spéculateurs et les imbéciles pullulant dans le monde de l'art (une sacrée foule, donc) Un coup de maître fait également en permanence reconsidérer l'image que l'on se fait des protagonistes. C'est aussi l'un des enseignements du film et sa leçon inaugurale : il faut prendre le temps de contempler une œuvre pour la saisir dans sa globalité, et ne pas se contenter d'un fragment ni d'une vision fugace. Sa vérité n'apparaît que dans le temps. Sa vérité... et ses mensonges.