Théâtre / L'immense metteur en scène français s'attaque pour la première fois à Molière. Le résultat est à découvrir à la MC2 jusqu'au vendredi 12 avril.
Il devrait y avoir des obligations contractuelles pour tout artiste qui décide de monter un texte dit du répertoire. À savoir en proposer une réelle vision, pas forcément complètement décalée histoire de faire original (on ne va pas, au pif, mettre des personnages vieux de plusieurs siècles dans des costumes d'astronautes !), mais du moins qui justifie ce choix facile de nous resservir année après année le même repas, fut-il excellent – là n'est pas la question.
Or, dans le cas qui nous intéresse (Le Misanthrope de Molière par Alain Françon), le cahier des charges que l'on vient de mettre en place n'a pas été respecté. Certes, le metteur en scène français culte (il a fait beaucoup pour le théâtre contemporain) ne trahit pas cette œuvre phare centrée sur un homme aux valeurs trop fortes pour le monde qui l'entoure (on sent même qu'avec ses interprètes, il a longuement travaillé sur les alexandrins de Molière), mais sa lecture n'apporte pas grand-chose au monument. Dans un décor et des costumes corsetés (on est comme dans une faille temporelle entre 1666 et 2019), les comédiens et comédiennes déroulent alors le texte avec précision mais sans réelle flamme, leur aventure manquant cruellement de fougue, d'envie, de parti pris... « Plus on aime quelqu'un, moins il faut qu'on le flatte ; à ne rien pardonner le pur amour éclate. »
Le Misanthrope
À la MC2 jusqu'au vendredi 12 avril