La galerie Tracanelli renoue avec ses habitudes en proposant pour le mois de juin un accrochage d'un duo d'artistes dont le dialogue reste en grande partie soumis aux interprétations du visiteur. Mathieu Arfouillaud livre une série de paysages obscurs baignés d'une lumière lugubre et confirme son goût pour une nature aseptisée, domptée par l'homme ; une nature simili-sauvage grandement inspirée par la place qu'on lui accorde dans les aménagements urbanistiques contemporains. En guise de "signature", Arfouillaud intervient toujours sur une portion conséquente de toile en appliquant un aplat monochrome qui rompt avec la nature illusionniste de la représentation. De son côté, Lucas Schiesser, fraîchement sortie de l'École supérieure d'art et design de Grenoble, développe une pratique qui joue également des représentations... en trois dimensions cette fois. Il procède au moulage d'objets ayant incarné, il n'y a pas si longtemps, une sorte de modernité technologique. Des téléphones Nokia 3310 et un Mac pas si vieux que ça, semblent ainsi surgir d'un autre temps, comme fossilisés. Une manière de pétrifier l'état "naturel" d'obsolescence programmée de ces objets et de questionner l'accélération techno-consumériste dans laquelle nous sommes engagés.
Mathieu Arfouillaud x Lucas Schiesser
À la galerie Tracanelli jusqu'au 27 juin