Solidarité / Ils n'ont pas voulu rester les bras croisés face au mal-être de certains de leurs camarades : des étudiants de l'Université Grenoble-Alpes ont lancé Alpaline, une ligne téléphonique d'écoute. Avec l'ambition qu'elle demeure active au-delà même du terme de la crise sanitaire. Explications.
Flashback : à la fin du mois d'octobre dernier, plusieurs associations présentes sur le campus grenoblois se réunissent et discutent du mal-être étudiant. Leur constat : les conséquences de la pandémie de coronavirus viennent accroître ce phénomène, déjà vivace du fait de la précarité sociale, de l'isolement physique, de la situation familiale ou de la rupture numérique subie par certains de leurs camarades. « Après avoir réfléchi à divers supports possibles, nous avons l'idée d'une ligne d'écoute », indique Alexis Fayolle, président d'Interasso Grenoble Alpes et trésorier d'Alpaline, l'association qui gère ce nouvel outil d'entraide. Comment fonctionne-t-il ? Très simplement : les vendredis, samedis, dimanches et lundis, de 20h à 23h, tout étudiant(e) peut appeler le 04 65 84 44 24 pour être accueilli par un(e) autre, avec bienveillance : « Nous ne souhaitons stigmatiser, ni juger personne. Notre but est que celui ou celle qui appelle puisse parler sans tabou, avec quelqu'un qui peut comprendre ses galères et répondre à ses questions. Cet accompagnement est gratuit. Il se passe de manière anonyme et confidentielle. »
Une idée... encore en développement !
La cinquantaine de bénévoles qui assurent la permanence téléphonique au bureau d'Alpaline ont été recrutés en quelques jours seulement. « Ils ont été formés à l'écoute active, à la gestion du stress et des émotions, et à l'évaluation du risque-suicide, souligne Alexis. Ils ont à leur disposition tout un panel d'outils numériques et de sites Internet à utiliser comme ressources. » L'écoute devrait bientôt s'ouvrir plus largement aux étudiants internationaux, grâce à des bénévoles anglophones. « On aimerait aussi étendre nos horaires jusqu'à deux heures du matin. On va réaliser un petit sondage prochainement, afin de nous adapter au mieux aux besoins ». Dès à présent, Alpaline s'appuie aussi sur des relais : « On peut orienter l'étudiant qui nous appelle vers le service social du Crous, la direction de l'Orientation et de l'Insertion professionnelle, ou encore le centre de santé universitaire. » Autres alliés : un petit réseau de professionnels de santé, psychologues et psychiatres. Ces derniers, qui pourraint intervenir dans certains cas difficiles, suivent et conseillent également les écoutants.
Ouverte au cœur même de la crise sanitaire, la ligne a vocation à rester ouverte sans limite de temps : « Le mal-être étudiant pouvant être lié à de nombreux facteurs, Il serait idyllique d'imaginer qu'il disparaîtra en même temps que le Covid, estime Alexis, lui-même en M1 Management de l'innovation à l'IAE. Nos contacts au Crous, à l'Université et dans d'autres institutions nous laissent penser que, si nous avions besoin d'un financement, nous le trouverions. Pour l'heure, on s'en sort bien ! » Le jeune homme rappelle au passage que d'autres initiatives étudiantes existent pour accompagner les étudiants en difficulté. Lui et ses camarades attendent impatiemment le lancement d'une plateforme Internet pour accueillir au mieux les nombreuses propositions d'aide venus des habitants de la Métropole, pour des repas, des logements ou des sorties sportives par exemple.