Subventions : 500 acteurs du secteur culturel rassemblés devant la Région

Politique culturelle / Le monde de la culture était sous les fenêtres de la Région Auvergne-Rhône-Alpes ce mardi 7 juin, avec les mêmes revendications que les soignants qui, par ailleurs, manifestaient eux aussi ce jour-là : l'argent public manque de façon incompréhensible sur certains secteurs clé.

Mardi 7 juin à midi, 400 à 500 personnes se sont réunies devant le siège de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Ils sont directeurs et directrices de salles, acteurs et actrices, auteurs et autrices, metteurs et metteuses en scène. Ils viennent de Lyon et sa Métropole mais aussi Grenoble, Saint-Étienne, Échirolles, Villefranche, Annemasse, Voiron, Albertville... Ils pilotent des structures publiques ou privées, ont subi de plein fouet les baisses de subventions. Ou pas. Ils sont solidaires les uns des autres puisque, sur l'ensemble des 313 structures culturelles examinées en commission permanente de la Région, les subventions votées représentaient de 17 594 665 € en 2022 contre 21 379 698 €. Soit une baisse de 17, 7%. De nombreuses structures, petites ou grandes, urbaines ou rurales sont impactées.

Ce rassemblement avait pour but d'obtenir un rendez-vous avec la vice-présidente à la Culture de la Région, Sophie Rotkopf car, dénonçaient les manifestants, il n'y a aucune communication entre eux et elle : « la Région ne s'exprime que par voie de presse ». Mais une fin de non-recevoir leur a été signifiée car « la manière de poser cette demande a été jugée outrancière ».

Outre les coupes budgétaires actées alors que presque la moitié de l'exercice concerné de l'année 2022 est déjà passé, « ce qui est grave et préoccupant est que cela n'a fait l'objet d'aucune concertation, les instances de dialogue syndical ont été contournées. Il est grand temps que la Région revienne à la raison et il est indispensable que tout le monde se mette autour de la table. il faut que cet exécutif cesse de penser qu'il peut gouverner tout seul contre tous », a notamment indiqué le metteur en scène Joris Mathieu, au nom du Syndéac (entreprise artistiques et culturelles), des Forces musicales, du SNSP (scènes publiques) et du PROFEDIM (producteurs, festivals et ensembles et diffuseurs indépendants de musique). Par ailleurs, il s'est fait le porte-parole du fait que « qualifier de "rente" le financement public est un scandale et ça nous interroge sur la façon dont le président de la Région considère l'argent public. Si c'est de la rente, c'est que d'une certaine manière il est la main qui nourrit. Ce n'est pas entendable ». Il s'agit bien de « subventions d'équilibre, qui garantissent le bon équilibre d'une structure porteuse de mission de service public et redistributrice d'argent public pour soutenir l'activité d'autres acteurs ».

Rendez-vous refusé

Un autre point de désaccord rappelé lors de ce rassemblement concerne l'éducation artistique et culturelle dans les établissements scolaires. Dans les lycées, dont la Région à la charge, le SCC (syndicat des cirques et compagnies de création), Synavi (syndicat national des arts vivants) et la Fédération des arts de la rue ont rappelé que celle qui se targue d'être la Région la mieux gérée de France, conditionne désormais la présence d'artistes à de nouveaux critères adressés par courriers aux chefs d'établissement le 5 avril dernier. Les quatre critères d'intervention thématiques sont : « 1- Fier de son identité régionale, Mémoire et patrimoine, 2 – Valeurs de la République, 3 – Volonté d'entreprendre, 4 – Sport ». Soit des termes « évoquant une époque que nous pensions révolue » a ainsi commenté le représentant syndical. Le mot "culture" a disparu.

D'autres organisations étaient aussi représentées : la CGT, SNAM-CGT, la FEVIS (fédération des ensembles vocaux et instrumentaux), le Groupe des 20, France Festival, SMA (syndicat des SMAC), le Maillon, ainsi que de nombreux (potentiels) élus : candidats de la Nupes, le sénateur EÉLV Thomas Dossus et l'adjointe à la Culture de la ville de Lyon. Nathalie Perrin-Gilbert a interpellé il y a quinze jours le préfet au sujet de la légalité de ces baisses de dotations. Elle n'a pas encore de réponse, car le haut-fonctionnaire est en période de réserve pré-législatives, mais l'ancienne maire du 1er arrondissement a rappelé ce jour que « les commissions permanentes sont là pour effectuer de nombreux votes, éviter que tout le conseil se réunisse en plénière, ce qui peut être lourd étant donné la taille de la Région ; mais normalement elle ne peut voter que des délibérations qui appliquent des délibérations-cadre votées en séance plénière ; ça ne peut pas être des réorientations de politique globale. » Elle interroge donc le préfet non pas sur le fond mais sur une question règlementaire. « Soit il dit que c'est légal – ce qui créerait, je crois, un précédent – soit il dit que ce n'est pas légal. Ces votes deviennent alors caduques, et Laurent Wauquiez est obligé de repasser en séance plénière l'ensemble du dossier en expliquant son rééquilibrage, que pour l'instant nous ne voyons pas. »

Le prochain rendez-vous de rassemblement du secteur est fixé au vendredi 17 juin à 10h aux amphithéâtres de Fourvière, à Lyon.

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