Festival / MàJ 23/09 : en raison de l'annonce d'un samedi pluvieux à Grenoble, les organisateurs ont préféré reporter l'événement au printemps. On vous fera signe !
De la simple habitude de boire de la bière à sa consommation en version artisanale, locale et biologique, il n'y a parfois qu'un pas. Pour rappel, ce sont près de 32 litres de bières par habitant qui sont bus chaque année en France. Très loin derrière les Tchèques certes (188 litres), mais la demande sur notre territoire est en hausse et profite, semble-t-il, aux bières artisanales françaises. En Isère, le boum des brasseries indépendantes depuis le début des années 2000, s'est traduit par la création de 48 structures. Derrière chacune d'entre elles une histoire, une production et une gamme plus ou moins sophistiquée, mais surtout une démarche de mieux en mieux identifiée et appréciée du consommateur.
L'idée du festival Bigre ! part d'un groupe d'amis du milieu associatif grenoblois. La fermeture des bars à l'époque des confinements successifs les prive de ces précieux moments de convivialité, où les cœurs se remplissent à mesure que la bière diminue. Alors quand rouvrent enfin les lieux servant de la mousse, les comparses Mélody, Alexis, Thomas, Maël, Killian, Jean-Remy, Alexandre, Morgane veulent rendre hommage à la boisson dont ils sont tous amateurs. L'idée lancée à la légère finit, comme souvent, par faire du chemin. Avec leur nouvelle association l'Alibi, les organisateurs obtiennent la participation de 11 brasseurs de Grenoble et ses environs, pour la première édition du festival. « On souhaitait participer à l'artisanat local et à sa promotion à travers la bière », confie Morgane, membre de l'association. À en croire la page Facebook de l'événement, 3 500 internautes s'y intéressent et pourraient se déplacer au Jardin de ville, samedi 24 septembre. De quoi confirmer aux membres de l'association un intérêt et une curiosité réels pour la filière brassicole régionale.
Trouve brasseur artisanal à ton pied
S'il faut accepter de dépenser un peu plus pour profiter d'une bière artisanale, du côté des brasseurs, on a l'argument infaillible pour décider le consommateur. « Tout le monde peut trouver bière artisanale à son pied. La diversité, c'est décidément son plus gros avantage avec le fait, bien sûr, qu'elle soit meilleure que la bière industrielle ! », affirme Benoît, cocréateur avec son ami Quentin de Maltobar, la brasserie incubée à Grenoble et implantée rue Très-Cloîtres en 2014. Pour Diane, employée chez Cocomiette, dont l'entière gamme de bières est fabriquée à partir de pains biologiques résiduels dans le Pays voironnais, « cette réaction contre l'industriel est positive, car elle signifie que les gens s'intéressent au goût des choses et au savoir-faire derrière ».
Le marché de la bière serait occupé de 7 à 8% par les bières artisanales en France, selon le Syndicat national des brasseurs indépendants. Dans ce pourcentage, nombreux sont ceux qui partagent une expérience de reconversion professionnelle. « Mes parents ont refusé que je sois plombier, du coup j'ai fait des études. Comme Quentin mon associé, j'ai fait une thèse en micro-électronique que je n'ai pas soutenue parce que je suis devenu brasseur. » Pour Quentin de Maltobar, la bière artisanale fut synonyme d'émancipation personnelle, et il tient à rendre la pareille à ceux qu'il initie à son savoir-faire de brasseur. « Une micro-brasserie, pour moi, se définit plus par sa philosophie que par des critères douaniers ou légaux », témoigne Olivier, ancien ingénieur du CEA à la tête de la brasserie Flore à Fontaine. Fière de faire de nouveaux adeptes, cette nouvelle génération de brasseurs reconnaît à la bière sa subtilité, son langage et ses codes propres. Aucun, néanmoins, ne souhaiterait lui faire perdre sa simplicité caractéristique à cause d'un élitisme surfait.
Bigre ! samedi 24 septembre au Jardin de ville de 11h à 21h, gratuit
*L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération*