Grenoble pionnière de l'escalade en salle

Salon de l'escalade

Alpexpo

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Grimpe / Après deux éditions à Lyon, Grenoble a récupéré l’organisation du Salon national de l’escalade (du 18 au 20 novembre à Alpexpo). Une décision logique pour la capitale des Alpes, place forte de la discipline depuis ses débuts et pionnière de l’escalade en salle dans les années 90, qui a percé en s’affranchissant des contraintes de la montagne. Ultime évolution : le bloc “fitness” qui fait un carton chez les jeunes actifs, étrangers souvent au rocher naturel.

À Grenoble, l’histoire de l’escalade en salle commence en janvier 1995 avec l’inauguration d’Espace Vertical 1, première structure de l’agglomération, deuxième salle en France et première dans le monde à proposer de l’escalade en tête. Une idée novatrice et audacieuse portée par trois moniteurs, Éric Pinard-Salmon, Thierry Barré et Nicolas Glée. « Peut-être qu’on était trop en avance. Les deux premières années d’exploitation ont été très difficiles. Les montagnards locaux n’étaient pas prêts à payer alors qu’ils avaient l’habitude de grimper gratuitement sur les nombreuses falaises équipées de l’agglomération », se souviennent les gérants.

Pourtant la demande progresse, les grimpeurs trouvant finalement dans la salle un bon moyen de s’adonner à leur passion même par météo défavorable. C’est le cas de Philippe Peyre, 69 ans, montagnard grenoblois qui a équipé quelques grandes voies et inscrit son nom sur plusieurs topos d’escalade. « J’ai fréquenté Espace Vertical 1 dès la première année. J’y voyais un bon complément pendant la césure d’hiver, un moyen de rester en forme pour la falaise. Mais je trouvais aussi intéressant cette autre approche de l’escalade et la convivialité de la salle. Car c’était un vrai lieu de rencontres, d’échanges d’informations sur les spots de grimpe, avant les réseaux sociaux. Par contre j’ai des amis qui pendant longtemps y sont allés à reculons, juste parce qu’il fallait garder la forme pour la falaise. »

Urbanisation de la grimpe

Avec le succès d’EV1, l’équipe ouvre une seconde salle (EV2) à Saint-Martin-d’Hères en 1999 puis une troisième (EV3) dans le quartier Bouchayer-Viallet en 2008, signant la fermeture d’EV1. La fréquentation explose et le public se diversifie : des familles, des clubs, des travailleurs, des guides et des moniteurs d’escalade qui peuvent exercer leur métier en toutes saisons.

Les grimpeurs qui fréquentent régulièrement la montagne deviennent minoritaires dans les salles. L’escalade indoor s’affirme, au point de devenir une pratique exclusive pour de nombreux adeptes qui s’inscrivent dans une salle d’escalade comme on s’inscrirait dans une salle de musculation ou de fitness, le fun en plus. « On ne s’est jamais imaginé comme une salle d’entraînement. L’idée c’est de proposer des parcours ludiques, des voies comme autant de jeux où l’on peut se faire plaisir, trouver son graal et progresser. C’est ce qui fait son attrait. La salle c’est comme une falaise rêvée : accessible toute l’année, avec 700 voies de tous niveaux à disposition, à l’abri de la pluie et éclairée jusqu’à 22h30. Cette accessibilité est encore plus marquée avec le bloc où une paire de chaussons d’escalade suffit. »

 Ablok, précurseur du bloc moderne en France

 Les salles EV1 et EV2 ont toujours proposé, en complément de l’escalade sur corde, des voies de bloc, ne nécessitant ni corde ni baudrier. « On appelait ça du pan à l’époque. C’était juste un outil pour progresser en voie. Il n’y avait pas de parcours tracés avec des prises de couleur. C’était les grimpeurs, plutôt forts, qui créaient eux-mêmes leurs parcours avec des prises neutres, en général dans des dévers au cours de longues traversées », explique l’équipe d’Espace Vertical.

Rien à voir avec les salles de bloc nouvelle génération, dont la formule a été imaginée et lancée à Grenoble, encore une fois pionnière. C’était en 2005 avec l’ouverture d’Ablok, salle exclusivement dédiée à cette discipline. « On s’est dit qu’on allait créer une salle de bloc à l’époque où ça n’intéressait personne. Les gens disaient alors que ça n’avait aucun avenir », se souvient Hugo Allard, un des trois fondateurs d’Ablok avec Daniel Alfonso et Nicolas Secconi.

Sauf que les trois grimpeurs, anciens champions d’escalade, ont dans leurs cartons une idée originale et jamais vue en France : proposer des voies de bloc tracées à l’avance, identifiées par des prises de couleur qui annoncent la difficulté. « C’était très particulier, parce que ça voulait dire donner accès à l'escalade à des gens qui n’en avaient jamais fait, qui n’avaient aucune notion d'escalade, de sécurité, qui n’aimaient pas la hauteur et n’avaient aucune envie de faire de la voie ou d'aller dehors. On a évincé tout ce qui était un peu lourd dans le milieu de l'escalade et de l'alpinisme pour ramener ça à l'activité pure et au jeu. On assumait complètement le côté ludique et fitness de l’escalade. »

En même temps, les trois acolytes imaginent des surfaces et des volumes plus complexes, diminuent les inclinaisons pour rendre les pans accessibles à tous. Avec cette révolution, Ablok va siphonner une bonne partie des amateurs de bloc qui fréquentaient EV1 et EV2 et s’adresser à un public de moins en moins montagnard. « Aujourd’hui 90% de ma clientèle sont des urbains sans attraction pour la montagne. Quand ils y vont, c'est pour faire du ski ou du snowboard », assure Hugo Allard.

Depuis, Espace Vertical s’est inspiré d’Ablok pour l’espace bloc de sa troisième salle et a ouvert Le Labo, salle 100% dédiée au bloc. C’est un succès, surtout auprès des jeunes. « La majorité a moins de 35 ans. Ils sont plutôt non montagnards et apprécient la convivialité et l’accessibilité de la discipline. Le bloc se pratique seul mais en réalité on est toujours en groupe, pour échanger sur les voies, donner un conseil. Le Labo est aussi devenu le lieu branché, où il faut être », assure l’équipe d’EV3 qui, face à ce succès, envisage d’ouvrir un deuxième Labo, et bientôt Espace Vertical 4. L’histoire se poursuit.


Alpexpo accueille le salon de l’escalade

Ce sont trois jours dédiés à toutes les escalades et tous les sports de verticalité, comprenant l’alpinisme, la via ferrata, le canyon, la spéléologie et la slack-line. Le salon est réservé aux professionnels le vendredi mais ouvre ses portes au grand public les samedi 19 et dimanche 20 novembre. Les visiteurs pourront aller à la rencontre de 200 exposants, assister à des conférences, des démonstrations, des compétitions, ou participer à des ateliers.

Salon de l’escalade les 19 et 20 novembre à Alpexpo, 5€/8€, www.salon-escalade.com

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