Printemps du livre 2023 : des écrivains majeurs attendus à Grenoble

Festival / C’est notre Fashion Week littéraire à nous : le Printemps du livre se tient la semaine du 29 mars au 5 avril, à Grenoble et aux alentours. Qui rencontrer parmi la trentaine d’autrices, auteurs et artistes présents à la 21e édition de l’événement ? Par Eloïse Bonnan & Valentine Autruffe

Comme chaque année, il y a ces plumes notoires qui drainent les foules et font s’emballer la machine à dédicaces dans la Bibliothèque d’étude et du patrimoine (Chavant), dite "camp de base" du Printemps du livre à Grenoble, à l’instar de Brigitte Giraud, la lauréate du prix Goncourt 2022 avec son roman Vivre Vite (Flammarion), Emmanuelle Bayamack-Tam, couronnée du prix Médicis pour La Treizième Heure  (P.O.L), ou encore Alice Zeniter, autrice du superbe L'Art de perdre, prix Goncourt des lycéens en 2017, qui viendra présenter Toute une moitié du monde (Flammarion).

Mais le festival grenoblois rime aussi avec tout un panel d’écrivains que l’on connaît bien moins. Les faire entrer dans nos radars, c’est courir bien volontiers le risque qu’ils rallongent une PAL ("pile à lire"), déjà vertigineuse ! 

Tour d'horizon non-exhaustif des invités du Printemps du livre 2023 :

Diaty Diallo

Deux secondes d’air qui brûle  (Seuil)

Deux secondes d’air qui brûle dépeint avec une empathie profonde, l’histoire de jeunes habitants de quartiers confrontés à des faits de violences policières. Les « gens en bleu » tuent Samy, un garçon âgé de 16 ans seulement, au cours d’un contrôle d’identité qui dégénère. C’est l’injustice sociale de trop, durant cet été-là, où la canicule et le feu de la colère montent crescendo.

La primo-écrivaine originaire de Seine-Saint-Denis a veillé à ne jamais tomber dans la caricature d’un milieu qu’elle sait souvent maltraité médiatiquement. Son écriture contemporaine et vibrante retranscrit le quotidien d’un groupe d’ados qui connaît aussi bien la fête, les barbecues maison, les chichas ou PNL que la révolte et les interventions policières.

À la Bibliothèque d’étude et du patrimoine, le dimanche 2 avril à 14h (rencontre)


Colin Niel

Darwyne  (Rouergue)

Pour son septième roman Darwyne, Colin Niel pose un décor unique dont son personnage connaît tous les secrets : la forêt amazonienne de Guyane. Anciennement ingénieur agronome et chef de mission pour la création du parc amazonien de Guyane, l’écrivain a vécu plusieurs années sur ce territoire et s’en inspire amplement dans ses pages. Comme il nous y a habitués, il interroge encore le rapport de l'homme à la nature. Colin Niel dresse un très beau portrait de Darwyne, un petit garçon porteur d’un léger handicap qui a développé une relation hyperconnectée avec la faune et la flore de la forêt qui jouxte son bidonville.

À la Bibliothèque d’étude et du patrimoine, le mercredi 29 mars à 19h (rencontre d’ouverture)


Pierre Ducrozet

Variations de Paul  (Actes Sud)

Sa première passion, c’est la musique. Le romancier Pierre Ducrozet ne s’en est jamais caché et il en est ouvertement question dans son dernier roman Variations de Paul. L’auteur signe une fresque familiale où l’on suit Paul, le personnage central, musicologue, synesthète et homme de radio, aux différents âges de sa vie. Avec lui, on trempe tour à tour dans le jazz, le rock, le punk, le hip-hop et même la techno d’avant-garde berlinoise. À chaque époque son innovation musicale, que Paul a le super-pouvoir de capter intuitivement. Chaque page a son fond sonore, son rythme particulier, son étalage de connaissances musicales qui peut aussi, ça s’entend, agacer le lecteur. 

À la Bibliothèque d’étude et du patrimoine, le vendredi 31 mars à 16h (rencontre)

Au Totem, le vendredi 31 mars à 20h30 (lecture musicale)


Polina Panassenko

Tenir sa langue (L'Olivier)

Dans son premier roman Tenir sa langue, Polina Panassenko nous plonge dans le monde de l’enfance. Un exil, qui se traduit par l’arrachement à des visages, des lieux, des odeurs, des goûts et surtout des mots qui passent de la familiarité au souvenir. Tout bascule dans l’étrangeté, à commencer par la langue du pays d’accueil, le français. Entre le français et le russe, la difficile cohabitation dans le corps de la petite fille prend une dimension très imagée. C’est entre autres, un aspect du récit que l’on a fortement apprécié et qui méritait la récompense Femina des lycéens 2022, obtenue par le roman !

En bonus, notre interview vidéo de la romancière, de passage à Grenoble l'an dernier :

À la Bibliothèque d’étude et du patrimoine, le dimanche vendredi 31 mars à 16h (rencontre scolaire publique) ; à 19h30 (lecture musicale)

À la médiathèque départementale, le samedi 1er avril à 10h30 (rencontre)


Aurélia Aurita

La Vie gourmande (Casterman)

Connue du grand public avec Fraise et chocolat, sa bande dessinée érotique à succès parue en 2006, Aurélia Aurita a remis le couvert avec La Vie gourmande, une autobiographie culinaire très spéciale ! À 38 ans, l’autrice est atteinte d’un cancer du sein. Pour son roman graphique, celle-ci a voulu courageusement livrer le récit intime de son combat contre la maladie, de sa rémission et plus étonnant, de son rapport à la nourriture, aux plaisirs bouleversés.

Au Bar Radis, le lundi 27 mars à 17h (rencontre)

À la Bibliothèque d’étude et du patrimoine, le samedi 1er avril à 18h30 (rencontre dessinée)


Marcus Malte

Qui se souviendra de Phily-Jo ?  (Zulma)

Prix Femina pour Le Garçon en 2016, Marcus Malte publie un roman policier, Qui se souviendra de Phily-Jo ?, Phily-Jo étant l'inventeur de génie qui décède brutalement au début du livre. Un crime, c'est certain, à moins que...

Auteur parfois de livres jeunesse, parfois de romans policiers, Marcus Malte s'est fait connaître en 2007 avec Garden of love. Il a le don pour garder le lecteur scotché à ses lignes, et si on ne l'a pas encore lu, on ne doute pas que ce sera le cas avec Qui se souviendra de Phily-Jo ?, découpé en cinq points de vue, par cinq narrateurs différents.

À la bibliothèque Aragon (Le Pont-de-Claix) vendredi 31 mars à 20h (lecture musicale)

Au Clos des Capucins (Meylan) samedi 1er avril à 10h30 (rencontre)

Au musée de Grenoble samedi 1er avril à 17h (lecture au musée)

À la Bibliothèque d’étude et du patrimoine dimanche 2 avril à 14h (rencontre)


Gaëlle Nohant

Le Bureau d'éclaircissement des destins  (Grasset)

Après le sublime Légende d'un dormeur éveillé sur la vie de Robert Desnos, et le très réussi La Part des flammes sur l'incendie du Bazar de la Charité, Gaëlle Nohant livre pour son cinquième roman une fresque sur fond de Seconde Guerre mondiale. Employée dans un centre de documentations sur les persécutions nazies, l'héroïne est chargée de restituer des objets hétéroclites de cette époque à leurs propriétaires. On a hâte de lire ça.

À la bibliothèque Centre Ville samedi 1er avril à 11h (rencontre)

À la Bibliothèque d’étude et du patrimoine samedi 1er avril à 17h (lecture)

À la Bibliothèque d’étude et du patrimoine dimanche 2 avril à 15h30 (rencontre croisée avec Lola Lafon)


Lola Lafon

Quand tu écouteras cette chanson (Stock)

Connue pour son engagement féministe sans concession, l'écrivaine Lola Lafon a fait beaucoup parler d'elle à la rentrée littéraire avec Quand tu écouteras cette chanson, un récit de la nuit qu'elle a passée dans l'appartement qui a abrité Anne Frank, et dans lequel elle a rédigé son fameux journal. On est en train de le lire ; on vous en dira plus très bientôt !

À la Bibliothèque d’étude et du patrimoine dimanche 2 avril à 15h30 (rencontre croisée avec Gaëlle Nohant)

Au musée de la Résistance et de la Déportation lundi 3 avril à 18h30 (lecture)


Alessandro Barbaglia

Le Coup du fou  (Liana Levi)

Poète et libraire, Alessandro Barbaglia revient dans Le Coup du fou sur la partie d'échecs qui a opposé, en pleine guerre froide, un joueur russe (Boris Spassky) et un joueur américain (Bobby Fischer). Un match à enjeux géopolitiques donc, que l'auteur met en parallèle avec un autre conflit, la guerre de Troie...

Le Coup du fou est le premier roman de l'auteur italien traduit en français.

À la bibliothèque Centre Ville jeudi 30 mars à 16h30 (rencontre scolaire publique)

À la bibliothèque municipale internationale samedi 1er avril à 11h (rencontre en italien)

À la Bibliothèque d’étude et du patrimoine samedi 1er avril à 15h30 (rencontre)


Grégoire Bouillier

Le Cœur ne cède pas (Flammarion)

Grégoire Bouillier se penche, dans ce nouveau roman, sur un fait divers réel : en 1985, une femme s'est laissée mourir de faim, chez elle, consignant chaque étape des derniers jours de sa vie par écrit. Avec un certain humour malgré le sordide de l'affaire, l'auteur enquête sur cette femme, son histoire, et son acte extrême.

À la Bibliothèque d’étude et du patrimoine samedi 1er avril à 18h (rencontre)

Au musée de Grenoble dimanche 2 avril à 14h30 (lecture au musée)

À la Cinémathèque (salle Juliet-Berto) dimanche 2 avril à 16h (projection)

À la Cinémathèque (salle Juliet-Berto) lundi 3 avril à 20h (lecture-spectacle)


Mais aussi...

On se questionnera grâce à l'essai de Gérald Bronner, Les origines. Pourquoi devient-on qui on est ?  (Ed. Autrement), dans lequel l'auteur évoque les questions de déterminisme, du social et du biologique, de la liberté individuelle... Au travers de son parcours de transclasse.

Marie-Hélène Lafon, prix Renaudot en 2020 avec Histoire du fils, viendra présenter un nouveau roman en forme de fresque familiale, dans le Cantal entre les années 60 et les années 2020 : Les Sources  (Ed. Buchet-Chastel).

Premiers romans

On ira à la rencontre de Maria Larrea, dont le premier roman, Les Gens de Bilbao naissent où ils veulent (Grasset), a été salué de toute part. Et de Pauline Peyrade, issue du spectacle vivant, qui a notamment collaboré avec la circassienne Justine Berthillot (présente aux Détonnantes début mars, à la MC2) pour la création de Poings, une pièce sur l'emprise psychologique. Les deux femmes travaillent de nouveau ensemble pour l'adaptation de son premier roman, L'Âge de détruire  (Minuit).

Des Grenoblois (ou presque)

On retrouvera aussi avec plaisir l'auteur américain Eddy L. Harris, qui présentera la suite de son best-seller Mississippi Solo  (Ed. Liana Levi), le récit de sa seconde descente solitaire en canoë du fleuve mythique, dans l'Amérique de Trump, Le Mississippi dans la peau (Ed. Liana Levi). On avait rencontré cet agréable personnage en 2022, lors d'une résidence à Grenoble : l'interview est à (re)lire ici.

Également connaisseur de Grenoble, puisqu'il y a tourné une trilogie (Un couple épatant, Cavale et Après la vie), Lucas Belvaux présentera son premier roman, Les Tourmentés (Alma). Patrice Robin, auteur qui réside dans la capitale des Alpes où il anime des ateliers d'écriture, est invité pour Le Visage tout bleu (P.O.L), un court récit dans lequel il revient sur trois événements fondamentaux de sa vie. Grenobloise aussi, Marie Boulier, qui tient le compte Instagram MarieLucarne, présentera son dernier livre Apprivoiser l'été (Thierry Magnier).

BD et jeunesse

Un large panel d'auteurs BD et jeunesse sont aussi invités. Sandrine Kao pour Après les vagues (Grasset jeunesse), Adrien Parlange pour Les Printemps (La Partie), Arianna Tamburini pour Dans la jungle, terrible jungle (Thierry Magnier), Marine Veith pour Ma part de l'ours (Sarbacane), Flore Vesco pour D'or et d'oreillers (L'école des loisirs) s'adresseront au jeune public.

Pour la bande dessinée, outre Aurélia Aurita dont on vous a parlé plus haut, Cécile Becq présentera Trois chardons (Sarbacane), Grégoire Bonne La Demi-double femme (Mosquito), et Paul Drouin parlera de sa fable écologique en six tomes, Les Géants (Glénat).

Sébastien Joanniez, ambassadeur

Comme chaque année, le Printemps du livre se dote d'un ambassadeur. En 2023, c'est l'auteur et comédien Sébastien Joanniez qui assurera ce rôle, avec notamment des lectures d'extraits des œuvres des auteurs invités. Deux de ses ouvrages à l'honneur : On a supermarché sur la lune (La joie de lire) et J'aime pas ma petite sœur (Le Rouergue jeunesse).

Le Printemps du livre du 29 mars au 5 avril à Grenoble et dans l'agglo. Programme complet sur printempsdulivre.bm-grenoble.fr

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