Musique / Figure de proue du Grenoble Jazz Festival, John McLaughlin sera sur la scène du Grand Angle ce jeudi, prêt à en découdre avec son groupe emblématique Shakti. Les vibrations jazz fusion envelopperont Voiron de bien beaux échos. FC
Pour mémoire, John McLaughlin ornait fièrement notre Une de la semaine dernière, aux côtés de son chien Skip (c'est vraiment son nom, vérifiez si vous ne me croyez pas), sur ce visuel emprunté à la pochette de son atypique Thieves and Poets. Mais attention, ne nous faites pas dire n'importe quoi, ce maestro est bien plus qu'un ami des canidés de toutes sortes. D'abord formé au piano, il se tourne vers la guitare en autodidacte à l'âge de 11 ans. Après plusieurs expériences au sein de différentes formations, les choses s'accélèrent lorsque les sixties sonnent leur glas. Miles Davis le sollicite une première fois, alors qu'il fait partie du trio Lifetime avec Tony Williams et Larry Young. John refuse tout d'abord, conscient du tribut qu'il doit au groupe, puis accepte lorsque le trio s'arrête. Il participera notamment au mythique et fabuleux Bitches Brew, au Tribute to Jack Johnson, et participera à des sessions d'enregistrement aux côtés de Dave Holland, Jimi Hendrix et Buddy Miles. Puis vinrent les swinging seventies, avec leur cortège de nouvelles philosophies. Fort de ses collaborations pour le moins marquantes, McLauhglin s'apprête à traumatiser son monde en devenant un pionnier du jazz fusion initié par le grand Miles.Indian vibesJohn rejoint les rangs des disciples du gourou Sri Chinmoy Ghose, philosophe indien proclamé guide spirituel et résidant à New York. Un dogme plutôt contraignant, optant pour l'optique à tout crin de “l'esprit sain dans un corps sain“ : célibat, abstinence, méditation et fitness y étaient préconisés (les controverses sur les abus du mouvement intervinrent après le départ de McLaughlin). John adopte sur les conseils du gourou le nom de Mahavishnu, et fonde dans la foulée le Mahavishnu Orchestra. Un groupe empruntant au son rock amplifié, à la complexité structurelle de la musique indienne ou du funk, le tout dans un esprit jazz rock progressif. Les compos, censées refléter le nouveau mode de vie de McLaughlin, subissent les outrages du temps avec plus ou moins de bonheur. Mais l'expérience marquera les apprentis guitaristes de tous poils, via la touch McLaughlin (notamment sa maîtrise de la fameuse guitare à double manche, six et douze cordes). Puis viendra l'époque Shakti (énergie en indien), concrétisée par l'artiste suite à sa rencontre avec d'authentiques musiciens indiens. Trois albums (Shakti, A Handful of Beauty, Natural Elements), des tournées mondiales triomphales, en tout trois années qui imposeront vite l'évidence : et si ce chevelu féru d'influences orientales n'était rien moins que le meilleur guitariste du monde ? La légende court toujours, d'autant que depuis 1997 (officiellement à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance de l'Inde), Shakti a superbement ressuscité, comme peut en témoigner le beau DVD hommage sorti la semaine dernière. John McLaughlin / Shaktile 23 mars à 20h30, au Grand AngleDVD : “Remember Shakti : The Way of Beauty“ (Universal Music)