Bon, vous l’avez sans doute deviné à la grâce peu vertueuse de mon pseudo, mais je suis un fanatique indécrottable du travail accompli par Trey Parker et Matt Stone dans leur série phare South Park. Alors que la treizième saison en est à sa pause de mi-parcours, faisons donc le bilan de cette première fournée, épisode par épisode.1. The RingKenny a une nouvelle copine dont la réputation sulfureuse ne fait que l’exciter outre mesure. Malheureusement, l’élue de son corps est fan des Jonas Brothers, boys band produit par Disney et prônant la chasteté. Une reprise en douceur (surtout quand on se remémore l’épisode d’ouverture effroyablement hardcore de la précédente saison), basée sur des schémas narratifs déjà bien usités dans la série. Les garçons découvrent un plan machiavélique (ourdi ici par Mickey en personne), tracent la route et démontent la machination en un tournemain. Même si on est clairement en terrain contestataire connu, l’alchimie comique fonctionne tout de même, notamment grâce aux sursauts lubriques incontrôlables émaillant l’intrigue, ou à la représentation bien dévoyée de l’icône disneyenne.2. The CoonUne irrésistible parodie des récents films de super héros, Watchmen et The Dark Knight en tête. La voix blasée de Cartman soliloque à n’en plus finir sur l’état de décrépitude de la cité, les vengeurs masqués se tirent la bourre pour boucler des affaires anodines, l’impayable Butters fait ressortir son alter ego “diabolique“ (le Professeur Chaos) du placard, tout est réuni pour fournir un grand moment d’humour savamment décalé, et la recette fonctionne : en bons geeks déférents, Parker et Stone ont saisi l’âme de ce genre de productions, et sont parvenus à les travestir tout en leur témoignant un émouvant respect.3. MargaritavillePour le coup, les auteurs accusent un laisser-aller plutôt regrettable. Sous couvert d’évoquer la crise financière, le mode de consommation irresponsable des américains comme leurs pertes de repères en période de trouble, l’épisode rue dans les brancards de façon pas vraiment finaude, à grands coups de gags illustratifs manquant cruellement de liens entre eux, sur des ressorts dramatiques déjà explorés. Bon, ça reste tout de même dix fois plus subversif que n’importe quelle production française, mais sur un tel sujet, on s’attendait à autre chose qu’à du réchauffé. 4. Eat, Pray, QueefAvant le choc de l’épisode suivant, Parker et Stone nous proposent une première mise en abyme, carrément concluante, des tenants humoristiques de la série, sa grossièreté assumée en tête. Au-delà de cet aspect, cet épisode illustre, avec un art consommé du crescendo absurde, les différences de réception d’un même gag (ici en fonction du sexe de l’auditeur – ce qui donne également l’occasion aux auteurs d’ourdir un discours farouchement féministe), tout en parvenant à maintenir le cap dramatique, en ne se reposant que sur ce gag. Un véritable tour de force scénaristique d’une évidence totale, dont seule la conclusion pourrait sembler facile - et encore, ça n’enlève rien à son caractère jubilatoire. 5. FishsticksLe chef-d’œuvre de la saison, pour l’instant. Jimmy peaufine sa “comedy routine“ lorsque Cartman débarque chez lui et se propose de l’aider. Rapidement, Jimmy accouche d’une blague formellement intraduisible, dont Cartman s’attribuera une partie de la paternité, son ego se chargeant de modifier sa mémoire pour le conforter. La blague fait le tour des Etats-Unis, rencontre un succès phénoménal. Seul Kanye West, génie du rap autoproclamé, ne saisit pas le jeu de mot et entre dans une furie démesurée. Petite merveille d’écriture à la logique saisissante, cet épisode est également le plus drôle de la saison, et le plus à même de susciter une réflexion sur la matière humoristique, les ravages d’un ego aliénant, voire sur la série dans sa globalité, à la grâce de l’analyse filée du mode de pensée de Cartman. Brillant et hilarant, l’épisode nous livre une scène finale ahurissante, qui personnellement m’aura fait hurler de rire pendant une bonne demi-heure, sans exagérer – je ne résiste pas à l’envie de vous la faire partager, même s’il vaut mieux avoir vu l’épisode en entier pour pleinement l’apprécier.http://www.youtube.com/watch?v=HWm88K_nDOs6. Pinewood DerbyForcément, après la claque de l’épisode précédent, on est un large cran en dessous. L’humour est moins frondeur, le ton plus clairement moralisateur, ce qui ne manque pas d’étonner de la part de nos trublions préférés. Point de sermon cependant, les auteurs élaborent une trame linéaire voyant Randy (le père de Stan, l’un des personnages parmi les plus irrécupérables de la série) se retrouver de fil en aiguille à la tête d’un complot international puis intergalactique. Bien écrit, occasionnellement hilarant (surtout dans ses représentations des chefs d’état internationaux, dont un Sarkozy de toute beauté !), l’épisode semble tout de même bien timide au regard de ses deux prédécesseurs. 7. FatbeardUn épisode qui montre une nouvelle fois les velléités des créateurs de la série à surfer sur l’actualité la plus brûlante, et surtout à la détourner brillamment pour faire sens. En voyant un reportage sur les pirates somaliens aux infos, Cartman se dit qu’il va enfin assouvir un fantasme de gosse, détrousser des navires, vivre à la fraîche entouré de ses hommes. Regard aussi cinglant qu’hilarant sur l’ingérence internationale en général et américaine en particulier, l’épisode est un écrin de choix pour le plus grand personnage jamais créé, le grand, le terrible, le redoutable Eric Cartman, dont voici l’hymne boucanier. http://www.youtube.com/watch?v=HG0F7g5rd6M

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