Édito du n°1039 - mercredi 4 janvier - Petit Bulletin Grenoble
Commençons 2017 par une belle histoire bien symptomatique de notre époque… Une histoire mettant en scène Anish Kapoor, fameux plasticien star – genre de ceux appelés à présenter ses œuvres monumentales dans les jardins du château de Versailles. Voilà les faits : le Britannique a, l’an passé, obtenu l’utilisation exclusive dans le domaine artistique du Vantablack, variété de noir capable d'absorber plus de 99 % de la lumière. Une création d’une entreprise britannique qui a surtout du sens dans des domaines moins artistiques – l’aérospatiale par exemple.
Un coup inédit (même Yves Klein ne l’avait pas fait avec son bleu) qui a dû coûter cher à Kapoor. Et qui – voilà la polémique – a surtout agacé un paquet de monde, notamment des artistes qui ont ainsi dénoncé les limites (évidentes dans ce cas) du droit de propriété et les dérives mercantiles (déjà bien évidentes depuis des années) du monde de l’art contemporain.
Du coup, l’artiste britannique Stuart Semple a répondu à sa manière à l’arrogance de Kapoor en créant le PINK, « rose le plus rose du monde » que tout le monde peut s’offrir… sauf Anish Kapoor, puisque son utilisation lui en est interdite ! Dans le monde des expressions imagées, on appelle ça l’arroseur arrosé.
Qu’importe si Kapoor a bravé l’interdit en postant le 23 décembre une photo sur internet (un doigt d’honneur – le sien – plongé dans le fameux rose, avec en légende un très classe « Va te faire foutre, rose »), le geste de Semple (qui a répondu à Kapoor en vidéo avec deux doigts en V maculés de noir – le Vantablack ?) a au moins le mérite de questionner une situation totalement ubuesque.
Elle était sympa cette histoire, non ? Sinon, bonne année culturelle, de toutes les couleurs bien sûr.
