Édito du n°1040 - mercredi 11 janvier - Petit Bulletin Grenoble
Peut-on rire de tout ? Vaste question, qui appelle souvent une citation (remaniée voire fantasmée comme l’avait expliqué Libération dans un article) de Pierre Desproges : « On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui. » C’est ce qu’ont sûrement dû se dire les deux humoristes stars Kev Adams et Gad Elmaleh après le tollé qu’un de leurs sketches a déclenché.
« Moi, Asiatique, j’ai mal devant le spectacle de Kev Adams et Gad Elmaleh » : tel est le titre évocateur de la tribune d’Anthony Cheylan, rédacteur en chef de Clique.TV, qui dénonçait fin décembre « dix minutes de blagues racistes, d’imitations grossières et de personnages grimés de façon caricaturale ». Dans le spectacle en question, diffusé sur M6, Kev Adams jouait "l’Asiatique" face à un Gad Elmaleh faussement gêné.
« On ne peut plus rien dire aujourd’hui, à cause de tous ces bien-pensants » ont sûrement dû s'exclamer les deux humoristes au vu de la polémique. « Alors que du temps de Desproges... » ont-ils sans doute continué. Justement, qu’ils regardent de nouveau son fameux sketch sur les juifs, et notamment le passage où il explique que « tous les pharmaciens sont juifs, tous les archevêques de Paris sont juifs, tout le monde sont juifs ». Voilà comment, de façon subtile, Desproges dégommait les antisémites-complotistes…
« J’ai honte que des sketches pareils soient encore possibles à notre époque, dans notre pays » (toujours Anthony Cheylan). Mais peut-être que personne n’a compris qu’en fait, Kev et Gad, Desproges des années 2010, se foutaient de la gueule de ceux qui réduisent les Asiatiques à des clichés façon Michel Leeb et son "bridé". Oui, c'est ça... Ils sont forts ces deux-là... Nous sommes trop cons... Allez les gars, dites-nous que c’était ça…
