Futur antérieur

La compagnie Flash Marionnettes invente un avenir toc et choc, dont les traits grossiers aident à rire des écarts de notre époque. Le résultat ? Gonflé et plutôt brillant. FC

Le festival de la marionnette a fait un énorme travail de défrichage dans ce champ a priori retors, mais on le répète, la manipulation de pantins et autres objets à destination du jeune public n’est plus forcément synonyme d’infantilisation acharnée, de «Il est où Gnafron» et autres saloperies onomatopesques. 2084 un futur plein d’avenir, le spectacle mis en scène par Ismaïl Safwan en tournée en ce moment de par chez nous (il arrive à l’Hexagone après des passages à l’Odyssée d’Eybens et à l’Espace Paul Jargot de Crolles), en est une nouvelle preuve. Dès la formidable intro, qui verra une marionnette vieillir devant nos yeux en égrénant les années à voix haute, la poésie du procédé interloque, fait sourire, chamboule tout à la fois, et le subtil décalage du texte de Philippe Dorin emporte au bout de la seconde phrase. Une fois le postulat futuriste accepté, il faut se laisser embringuer dans les différentes situations imaginées par la compagnie Flash Marionnettes : trois clones qui ne cessent de se rendre fous, des robots parlant par abréviations, un monstre débonnaire qui se fait régulièrement agresser, sans oublier de récurrentes apparitions d’un Mozart plutôt paumé.

Que des visages amicaux, des gens gentils bien comme il faut

Bourré de clins d’œil aux classiques de la science-fiction, le spectacle se joue des représentations lisses, des désirs de vie aseptisée, n’hésite pas, culot suprême, à mettre en abyme la manipulation de marionnettes, à brusquer le rapport entre le comédien et le pantin. Le tout avec un ton dont la causticité parle à tous les publics, comme on a pu le constater dans une salle remplie de scolaires à ras bord. D’une certaine manière, l’humour de 2084 un futur plein d’avenir fonctionne sur des procédés assimilables à ceux de la série South Park : une animation saccadée allant souvent de paire avec le grossissement des traits, une critique tous azimuts de l’angélisme, mais surtout, une dynamique comique fonctionnant essentiellement sur l’absurde d’une situation, toujours en écho d’un travers contemporain, étiré jusqu’à son point de rupture. On rassure les parents : malgré quelques (petits) écarts de langage, les ressemblances s’arrêtent là. Pour les géniteurs indignes et fiers de l’être, dites-vous que si vos bambins se bidonnent comme des possédés devant ce spectacle, leur esprit corrompu est mûr pour la série de Trey Parker et Matt Stone !

2084 un futur plein d’avenir, jeudi 7 à 14h30, vendredi 8 avril à 14h30 et 20h, à l’Hexagone (Meylan)

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X