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French cow-girl

Musique / Alors que sort son récent Live au Grand Rex, transposition scénique du joli L'Autre Bout du Monde, Emily Loizeau vient se poser au Kao. Stéphane Duchêne

Les choses étant ce qu'elles sont, c'est grâce à Andrew Bird qu’on a découvert Emily Loizeau. Inutile de voir dans cette affirmation une tentative de jeu de mot à base de rossignols humains, c'est juste que la demoiselle s'est fait connaître en assurant la première partie de son homonyme, Dédé Loiseau en français, et a eu droit aux honneurs d'un duo avec le chicagoan, le très beau London Town. Certains ornithologues à tendance lacanienne, y verront l'impossibilité d'un hasard, mais le rapprochement, le mariage même, est ici plus musical qu'animalo-patronymique, leurs univers s'y entremêlant avec grâce et naturel : le violon de Dédé caresse le piano d'Emily, la voix de ténor du premier cajole les entrechats de fillette de la seconde, en français et en anglais. Difficile d'ailleurs de classer Loizeau comme un des derniers avatars de la déjà très vieille école «nouvelle chanson française». Déjà parce que son album s'intitule L'Autre Bout du Monde, ce qui veut tout dire, et est publié par le label Fargo, importateur numéro un dans l'hexagone de tout ce qui s'apparente de près ou de loin à de la musique de cow-boy. Un blaireau
Seule française de la compilation folk du label, Even Cowgirls get the blues, anthologie sur le thème «toutes les filles sont folks» où elle s'attaque à Bob Dylan, ses aspirations sont en effet à chercher hors de France : les États-Unis bien entendu, même si à la guitare nomade elle préfère la sédentarité du piano. Mais aussi l'Angleterre à qui elle doit la moitié de son patrimoine génétique, le sens de la mélodie pop qui va avec, et le «y» de son prénom, détenteur d'un peu de la crédibilité countr-y des Doll-y (Parton) et Emm-y-lou (Harris). Ce «y» que l'on retrouve chez son alter-ego masculin et néanmoins drômois, Cyrz, autre français déraciné lui aussi tenté par l'aventure des petites sagas intimes en Français mais «à l'Américaine». Et chez Bobby Lapointe dont Emily rappelle la verve comique toujours sur le fil périlleux du jeu de mots pourri mais assumé sur les «Martins-pêcheurs qui ne s'appellent pas Robert». Mais définitivement plus saloon que salon de thé, on l'aura compris, elle ne se refuse pas à chanter en Anglais où sa voix sucrée se fait plus amère et ses textes tristes : I'm Alive rappelle la légende Dolly Parton, madone country qui depuis des décennies transforme la testostérone des truckers américains en coulées lacrymales. Et c'est là, comme sur Leaving You et London Town qu'on la préfère, parce que c'est dans le fog de cet anglais américanophile, que son propos s'assombrit à mesure qu'il s'épaissit. Là que les bluettes ligne claire virent au blues foncé dès lors qu'Emily, comme elle le dit sur le salace Boby Chéri, «jette (sa) bibliothèque rose». Ce qui est toujours bon signe pour les garçons.

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