Séraphine

de Martin Provost (Fr, 2h05) avec Yolande Moreau, Ulrich Tukur…

Le récit de cette boniche bigote et simplette qui devient, grâce au heureux hasard de sa rencontre avec un collectionneur d’art allemand, une peintre reconnue et avant-gardiste, est une histoire vraie. Sujet fort qui débouche sur un scénario appliqué. Et après, ça se gâte grave. Martin Provost illustre de manière archi-académique cette matière qu’il devait penser assez passionnante pour éviter de se poser des questions de mise en scène. Faute de ce regard, le film finit par transformer le réel en cliché : le collectionneur d’art est gay, aime les jeunes éphèbes, et Ulrich Tukur fait son Dirk Bogarde dans Mort à Venise. Sans oublier que, pas de bol, il est Allemand et nous sommes à la veille de la guerre de 14 ! Oui, mais puisque c’est vrai, direz-vous… Justement : on ne croit à ce qu’il y a sur l’écran qu’avec le certificat extra-cinématographique de cette vérité-là. Mais le pire, c’est le cabotinage effréné de Yolande Moreau dans le rôle de Séraphine : l’actrice s’autorise, à cause de cette maudite vérité, à surjouer toutes les émotions et attitudes de son personnage. Désagréable impression d’une comédienne douée qui réclame du premier au dernier plan un César pour sa performance, et oublie son rôle en cours de route. Désagréable sensation d’un film qui racle les fonds de tiroir de l’ORTF pour redonner vie à un cinéma «culturel» sans la moindre audace, ingrat à regarder et pas dérangeant pour un rond.
CC

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