En visite à Barcelone, Woody Allen propose une nouvelle variation, faussement convenue, autour de ses thèmes favoris : le couple et la fatalité culturelle.Christophe Chabert
Mais Allen ne berce son spectateur que pour mieux le réveiller à mi-parcours, en faisant débarquer Maria Helena (Penelope Cruz, géniale) dans cette partition trop bien écrite. Ça pourrait être anecdotique, mais Maria Helena parle espagnol. Même quand son ex-mari Juan Antonio la supplie de parler anglais, elle résiste. Cette langue, étrangère pour les deux protagonistes, rappelle fort à propos que l'Amérique n'est pas exactement chez elle ici. Et le film d'en tirer les leçons : Woody Allen ne se contentera pas de faire de l'Espagne le cadre exotique d'une histoire qu'il a souvent racontée, mais le moteur d'une confrontation culturelle qui vire au jeu de la vérité sociale. Entre un désir érotique qui épanouit et consume en même temps, et des destins gravés un peu vite dans le marbre, personnages et mise en scène vacillent. Tout se met à trembler à l'écran des deux côtés du récit : la jeune coincée doute, la délurée se grise de sa liberté jusqu'à l'angoisse... Et la conclusion, attendu retour à l'ordre, confère au pessimisme culturel de Woody Allen une nouvelle perspective, plus nuancée mais toujours aussi ironique.Vicky Cristina Barcelona
de Woody Allen (Esp, 1h37)
avec Javier Bardem, Scarlett Johannson, Rebecca Hall, Penelope Cruz...