Alan Rickman passe derrière la caméra pour tourner un navet royal en costumes où tout le monde semble avoir avaler un tube de Lexomil.
Immense acteur, aussi mythique pour avoir joué les terroristes dans Piège de cristal que les patrons romantiques dans Love Actually, Alan Rickman s'essaie ici à la mise en scène, et démontre que l'on ne s'improvise pas si facilement réalisateur.
À travers la romance Louis XIV entre Le Nôtre et Madame de Barra, dont les idées audacieuses séduisent ce partisan du jardin à la Française, Rickman se contente d'aligner les clichés dans un académisme de tous les instants. Les personnages sont tellement brossés à gros traits, leurs conflits tellement insistants — le fantôme de l'enfant qui revient toutes les dix minutes à l'écran, franchement... — que l'on sait au bout d'une demi-heure où et comment tout cela va se terminer.
Condamner à subir ce navet insignifiant, on a tout loisir de se poser quelques questions : pourquoi Matthias Schoenaerts et ses cheveux longs (perruque ?) s'enfonce-t-il à ce point dans l'inexpressivité ? Et surtout, pourquoi Rickman a-t-il choisi de diriger ses comédiens en leur faisant dire leurs répliques comme des escargots sous Lexomil, lenteur insupportable qui rallonge le film d'au moins vingt bonnes minutes ? Est-ce l'image qu'il a de la France et de son cinéma ?
Les Jardins du Roi ressemble pourtant à du mauvais théâtre et le fait de l'avoir tourné en anglais avec un casting international rajoute une couche à son côté parfaitement bidon.
Christophe Chabert