Juste avant la création d'Antigone, la saison d'un des plus importants centres dramatiques nationaux de France s'ouvre avec... une reprise en petite salle, Electre. Si écouter ce texte de Jean-Pierre Siméon est un plaisir, cela suffit-il à faire un spectacle ?
« Ce soir nous nous dirons que nous sommes en classe. Le théâtre est toujours une lecture (...) le livre est son berceau. Le théâtre se fera ou devra se faire. C'est un pari » entend-on en introduction de cette pièce. Chacun des comédiens, feuilles en main, prend place, aligné face au gradin de spectateurs et de quelques autres installés à des bureaux d'école sur le plateau. Mais de théâtre il y a peu.
Cette proposition additionne certes un très beau texte et des actrices impeccables, il manque néanmoins un souffle, un metteur en scène. Avec honnêteté, il n'y en a d'ailleurs pas de crédité à cette reprise, c'est un travail collectif. Tout la sève réside dans les mots de Jean-Pierre Siméon et sa capacité à éveiller l'odorat, la vue simplement par la langue et à donner ainsi le sentiment d'être en Grèce sur les terres de ce drame. C'est donc tout à l'honneur de Christian Schiaretti que de s'acharner à s'entourer de poètes – et depuis longtemps déjà puisque ce compagnonnage a été entamé à la Comédie de Reims dans les années 90.
Entre les murs
Cependant, cet engagement militant envers le texte ne dédouane pas d'un travail de plateau réduit ici non pas à sa quintessence (Gwenael Morin dans une forme ascétique de mécanique presque mathématique y parvient) mais à entre-deux embarrassant. Difficile de comprendre pourquoi la talentueuse Juliette Rizoud (elle fut une grande Jeanne de Delteil) incarne à la fois la mère et la sœur d'Electre et capter les déplacements des comédiens qui semblent gênés par toutes ces tables quand ils ne sont pas statiques.
Et bien que le rôle-titre, cette « colère faite femme », soit tenu avec une grande attention et une implication certaine par Elisabeth Macocco (récente fille Bettencourt dans Bettencourt boulevard et mère Ubu) judicieusement plus âgée que Juliette Rizoud renforçant ainsi la force et pouvoir d'Electre, ce spectacle reste un exercice sans colonne vertébrale ; paresseux.
Electre
au TNP jusqu'au 15 octobre (avec Antigone le samedi 15)