Vichy, ses thermes, ses pastilles et son charme

Vichy s’aborde en vrac : les pastilles, l’eau de source et les thermes, le régime de Pétain. Mais en arpentant cette ville absolument charmante, au bord de l’Allier, tout prend sens, y compris sa tragique histoire.

Ville la plus proche de Lyon dans le département de l’Allier, au coin nord-est de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Vichy mérite vraiment d’être découverte et mieux vaut prendre le temps car il est difficile de la résumer. L’eau et ses sources sont à l’origine de bien des caractériques de cette cité de 25 000 habitants.

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Son récent classement à l’UNESCO (été 2021) dans un parcours de villes thermales dont elle est la seule occurrence française va accélérer la venue de touristes amoureux du patrimoine, là où jusqu’à maintenant le thermalisme était phare, à égale nuitée avec les sportifs.

En effet, la surface de terrains de sport est quasiment égale à son centre-ville, ce qui lui permet de proposer 42 disciplines (dont 17 paralympiques) en tant que "centre de préparation" officiel des Jeux de Paris 2024, là où bien d’autres communes n’en ont qu'une ou deux. Un héritage, là encore, du thermalisme : il fallait bien divertir les curistes !

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Régime de Vichy

Commençons la visite par le chapitre le plus douloureux. De 1940 à 1944, la Ville a été le centre de l’État français. Et s’il est plutôt surprenant de ne pas trouver de musée dédié – d’ici 2025-26 vont commencer les travaux d’un lieu consacré aux 2000 ans d’Histoire de la Ville – un parcours aussi discret que complet permet d’identifier les bâtiments comme le Pavillon Sévigné (50 rue Kennedy) qui sera réquisitionné en 1940 et où Pétain réunissait son Conseil des ministres.

Ou encore, le fameux Hôtel du Parc (aujourd’hui divisé en appartements) donnant sur le parc des Sources. Les chambres avaient été transformées à la hâte en bureaux ministériels. Pétain y avait aussi son espace personnel, jusqu’à ce que les Allemands l’y arrête le 20 août 1944. Ce parcours en 23 points quadrille la ville et se visite en audio via des enregistrements à télécharger par QRcode. Très efficace, ce dispositif permet aussi de bien comprendre ce qui amène l’État-major français à faire de Vichy son centre névralgique. P

De par son histoire thermaliste, Vichy jouit d’une infrastructure hotelière et d’un réseau de téléphonie très supérieurs à la moyenne. Ce ne sont pas les Vichyssois qui choisissent ce régime mais bien l’État qui opte pour un maximum de praticité même si, est-il rappelé, « la population vichyssoise se laisse assez facilement séduire par le vieil homme », le saluant chaque dimanche au balcon. Ce travail d’historien rappelle aussi le destin funeste de quelques Résistants comme René Chabrier et Yvette Poucy.

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Art nouveau et art déco

Comme de nombreuses autres villes d’eau de la région (Evian-les-Bains, Aix-les-Bains, La Bourboule…), Vichy possède un patrimoine architectural splendide. Il y a ce qui émerge à la fin du XIXe siècle comme le Palais des Congrès (1865) pour voir et être vu en pur style art nouveau. Avec ses pavillons Renaissance, ses verrières cerclées de métal et un "salon des fêtes" très richement orné, il remplit son rôle auprès des mondains. Mitoyen, ce qui porte encore le nom de "casino" au fronton est en fait l’opéra (de 1483 places !) qui accueille des concerts de variété, le Ballet Preljocaj ou du théâtre privé. Il se visite hors représentation et c’est un joyau.

Ensuite, s’orienter vers le quartier du vieux Vichy et entrer dans la renversante "nouvelle église Notre-Dame-des-Malades", bijou d’art déco. De l’extérieur, toute en béton, elle ne paye pas de mine conformément à la rigueur de ce style. Mais l’intérieur regorge de motifs graphiques, mosaïques, marqueteries, onyx... Construite dans les années 1920-30, car l’église Sainte-Blaise contiguë était trop petite, celle-ci est dessinée par des architectes de Vichy, Jean Liogier et Antoine Chanet. C’est un ravissement.

En la quittant par le perron surélevé, ne pas manquer quelques mètres plus à droite, la maison natale d’Albert Londres transformée en petit musée. Le grand reporter a vu le jour en 1884 dans cette maison médiévale en briques rouges et cernées de tourelles. L’art déco ne se limite à cette église spectaculaire mais se rencontre partout dans la ville : la Poste place Charles de Gaulle ou par exemple, l’Hôtel de la Nouvelle France (10 rue Beauparlant), le lycée des Célestins (125 rue Maréchal Lyautey), ancien hôtel qui hébergeait le ministère de l’Intérieur dans les sombres années 40, tout en courbes et balcon de fer forgé.  

Visite de l’Opéra
Du mardi au dimanche de 14h à 18h ; 5€


Les thermes

Impossible de ne pas évoquer enfin les eaux, qui proviennent de la chaîne des Puys et qui traversent la plaine de la Limagne. Elles sont la richesse de Vichy. Six sources co-existent mais seulement une seule eau peut être dégustée sans prescription médicale, celle des Célestins (21, 5°). Pétillante et salée. Le point névralgique est le Hall des Sources, vaste espace vitré un peu décati où l’on apprend que trois sources étaient déjà connues des gallo-romains mais que le thermalisme et l’embouteillage (apparu au XVIIe) connaissent leur essor au XIXe avec l’arrivée des chemins de fer.

La célèbre pastille, créée en 1825, contient les principes actifs des sels de l’eau de Vichy obtenus par évaporation. On voit ici le jaillissement notamment sous cloche de la source Chomel à 43, 5° et de la Grande Grille à 39° qui sort à gros bouillon. Ce bâtiment comme l’ensemble de la place et la très belle galerie en fer à cheval sont aujourd’hui un peu rouillés et vont faire l’objet d’une vaste rénovation d’ici 2025. Espérons qu’elles ne soient pas trop ripolinées non plus. Na pas manquer aussi la source des Célestins, dans un pavillon style Louis XV, en contrebas du parc du même nom ou la buvette Lardy en entrée de Parc, au nord. Quant à s’offrir les soins d’une cure thermale, c’est possible dans les très centraux Thermes des Dômes ou Callou. Mais pour le coup, l’intérieur est loin des fastes de Gellert au cœur de Budapest !


Où dormir ?

Hôtel Chambord
82, 84 rue de Paris - dès 68€ la chambre double

Hôtel Moderne
8 rue Max Durand - dès 58€ la chambre double


Où manger ?

Brasserie du Casino et des artistes. Photos d’artistes aux murs, ambiance art nouveau dans cet établissement construit en 1897. Au menu, plats traditionnels (sole meunière, bœuf charolais…)
4 rue du Casino
T. 04 70 98 23 06
Ouvert du jeudi au lundi, midi et soir

Jours de marché
Du mardi au dimanche de 7h à 13h dans une grande halle couverte magnifique. Place Victor Léger. À l’étage, des petits producteurs locaux.


Où acheter des pastilles Vichy ?

Chez Moinet. Confiserie familiale depuis 1852 avec profusions de pastilles, à la menthe bien sur, à l’anis également, citron et depuis récemment à l’orange. On y trouve aussi sucres d’orge, caramels, sucettes pour les enfants réticents aux pastilles.
11 rue Georges-Clémenceau et 4 rue Source de l’Hôpital


Comment y aller ?

Lyon-Vichy. En train : 1h51 en direct, 30, 20€. En voiture 163 km et 2h par l’A89 (13€ de péage) ou 156 km et 2h30 (sans péage)

Vichy-Montluçon. En train : 2h de train (changement à Riom-Châtel-Guyon), ou direct en autocar, même durée, 24, 70€ et 11, 80€ en car ! En voiture : 1h06 et 97 km par l'A71 (6, 90€ de péage) ou 84 km et 1h30 (sans péage)


Où se renseigner ?

Office du tourisme
19 rue du Parc
T. 04 70 98 71 94


Pour aller plus loin

En voiture, partez à la découverte du Val de Sioule en visitant les très beaux villages de Charroux (médiéval) et Ebreuil (gallo-romain). Et surtout ne pas rater l’impressionnant chapelet de viaducs métalliques de la fin XIXe pour la ligne de train Commentry-Gannat.

Sans voiture ? Rejoindre Montluçon ville la plus peuplée du département (36000 habitants) même si la préfecture est Moulins. Ça se fait en TER en changeant à Riom-Châtel-Guyon. Son centre est circulaire et construit autour d’un château. Charmant. Louer un vélo à l’office du tourisme (ou le faire à pied) et filer par la voie verte dans une autre ville thermale de l’Allier, Néris-les-Bains, charmante (bis). 7 km et trois viaducs (en pierre, ceux-ci).

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