Bons plans / C'est le mois le plus court de l'année et pas le plus dense en termes de concerts mais février abritera quand même quelques pépites musicales, et de belles découvertes à faire.
Benjamin Biolay avec l'ONL
Alors, certes, il y en a pour dire que Biolay – notamment en concert – n'est pas à proprement parler un grand chanteur. Que ce serait même un peu l'inverse et qu'il vaut mieux se contenter de ses disques et de leur production aux petits oignons. Manière de sous-entendre que cette histoire d'orchestre symphonique est un bien commode cache-misère pour couvrir un organe défaillant. Mais il y a aussi ceux qui ont fait un triomphe à son dernier passage lyonnais dans cette configuration, accompagné par un magistral ONL et à l'attaque des grandes heures de son répertoire (car il y en a). Le mieux est encore d'aller se faire une idée sur place.
À l'Auditorium le vendredi 3 février et samedi 4 février
Lee Fields
On dit de lui qu'il est le dernier des soulmen. On pourrait d'ailleurs comprendre cela de travers en disant qu'il est le dernier de ses pairs à avoir eu du succès. Car si son premier single date de 1969, il n'a réellement connu la reconnaissance qu'au début des années 2000, et surtout quand il a été sorti de l'ombre par... Martin Solveig (vous parlez d'une trajectoire contrariée !). On dit aussi de lui qu'il est une sorte de James Brown miniature. Et c'est vrai qu'il supporte plus que bien la comparaison, lui qui enflamme les scènes à la manière du Godfather, sans jamais sembler baisser de pied. Lee Fields a 72 ans cette année – ce qui en fait un jeunot si on le compare à des Rolling Stones par exemple – et tient toujours et la rampe et la route. C'est toujours un spectacle que de le voir monter sur scène.
Au Transbordeur le samedi 4 février
Loud
Voilà un type qui est prophète dans son pays, le Québec, où il rafle tous les prix, de Juno en Félix, et remplit sans problème le Centre Bell. Un type qui n'a en sus eu aucun mal à venir évangéliser les terres lointaines comme la nôtre. Alors certes, la première fois qu'on a entendu rapper avec un accent québécois, ç'a été un peu comme un souvenir de notre première poutine d'après-cuite : une sensation étrange, un peu extra-terrestre et puis comme une envie d'y revenir. À cela, qui est accessoire, il faut ajouter un rap d'expression francophone mais nourri culturellement à la proximité de la scène américaine et notamment new-yorkaise qui fait la richesse d'une scène québécoise dont Loud est le chef de file.
Au Marché Gare le mardi 7 février
Alela Diane
Parmi tous les albums publiés par Alela Diane depuis une grosse quinzaine d'années, on est pas loin de penser que celui qu'elle vient de livrer est son meilleur. Et – pourquoi pas ? Au risque d'entamer un cliché éculé – celui de la maturité. Looking Glass, aux accents très Lewis Carroll, la voit se pencher à la fois sur son passé de femme et de musicienne mais aussi sur l'état du monde. Et toucher à une magie qui rappelle les grands poètes américains de la nature (Ralph Waldo Emerson et les transcendantalistes, Walt Whitman). Fidèle à Lyon où elle s'est produite en Petit Bulletin Live (2014) et au Petit Bulletin Festival notamment (2018), Alela Diane nous fait la joie d'y revenir.
Au Radiant-Bellevue le mardi 7 février
L'Étrangleuse
Difficile de qualifier la musique en roue très libre de l'Étrangleuse, l'un des joyaux du rock alternatif français. D'aucuns ont tranché pour le harp-rock, sous genre inédit. Sans doute parce qu'on n'entend guère cet instrument aux milles cordes dans le paysage rock quand bien même il aurait vaguement flirté avec du côté d'un certain tropisme celte ou dans les rêves folk oniriques de la fée Joanna Newsom. Ici qui plus est, la harpe de Mélanie Virot, moitié du duo, s'accompagne d'un certain penchant pour l'électricité distillée par Maël Salètes. Pour un résultat d'autant plus singulier qu'il se penche ici allègrement sur le berceau africain des musiques du monde. Du côté du Mali notamment, lorsque la kora traditionnelle y croise un blues bleu électrique. Dire que la musique de l'Étrangleuse est singulière et demande exploration en profondeur n'est pas un vain mot.
Au Périscope le jeudi 16 février
Emma Ruth Rundle
Bien que née en 1983, et donc un peu trop jeune pour avoir connu la période à plein, Emma Ruth Rundle semble perpétuer l'héritage d'une certaine scène féminine américaine des années 1990 menée par Kristin Hersh ou Tanya Donnelly, dont elle pourrait être la petite sœur. Son esthétique et ses manières s'en rapprochent considérablement même si elle prend un soin très noir à y ajouter des touches metal, gothiques ou post-rock. Le tout au service de chansons aussi vibrantes que poignantes.
À l'Épicerie Moderne le dimanche 19 février
La Tène
Si le nom de La Tène fait référence à une période culturelle de la fin de l'âge de fer dont on a découvert des vestiges principalement en Suisse, ce n'est pas par hasard. La formation franco-helvète pratique une musique d'inspiration folklorique qui semble venue du fond des âges et destinée à nous en faire goûter l'atmosphère à coups de boucles hypnotiques et de transe percussive. Le tout à base d'instruments traditionnels comme la cabrette. Étrangement, le résultat s'approche d'une sorte de post-rock aux accents apocalyptiques et festifs à la fois.
Au Périscope le vendredi 24 février