Shepard Fairey, la dissidence urbaine débarque à Lyon

Shepard Fairey

Musée Guimet

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Street Art / Vous ne connaissez peut-être pas son nom, mais vous avez déjà vu son œuvre. Shepard Fairey, plus connu pour sa campagne de street art Obey, a réalisé plus de 2000 œuvres pendant sa carrière, étalée sur 33 ans. Un travail engagé et acharné qui ne montre aucun signe d’essoufflement. Bonne nouvelle pour les amateurs d’art urbain, une exposition rassemblant plus de 1000 œuvres de l’artiste vient d’ouvrir ses portes au musée Guimet.

L’histoire de ce géant du street art commence en 1989. À 19 ans, alors qu’il est étudiant à la Rhode Island School of Design, il veut montrer la sérigraphie, l’un de ses passe-temps préférés, à un ami. Pour ce faire, il réalise un sticker en utilisant la première image trouvée en ouvrant le journal. Cette image, c’est une photo d’André the Giant, l’un des catcheurs phares des années 1980 et 1990, premier et unique français champion du monde de catch et surtout connu pour sa taille, avoisinant les 2m20.
 
Pour rendre son autocollant plus unique, il décide d’ajouter les dimensions de l’athlète (7' 4", 520lb - 7 pieds 4 pouces, 520 livres ou 2m20, 236 kilos) et un slogan, « André the Giant has a posse », ou « André le Géant a une bande de potes » dans la langue de Molière. Très vite, le design se fait connaître et le catcheur normand, éternel rival de Hulk Hogan, l’autre grande star du catch à l'époque, devient une icône de la culture skate, dont Fairey est partie prenante. En partant de la ville de Providence, à Rhode Island, le design se propage dans le reste des États-Unis puis aux quatre coins du monde sous forme de stickers, d’affiches, de t-shirts, de planches de skateboard…

à lire aussi : Lyon : au Musée Guimet, la plus grande retrospective mondiale de Shepard Fairey

Le touche-à-tout de l’art urbain

Les supports sont variés, tout comme les messages que Fairey fait passer dans ses œuvres. Dès le début de sa carrière, l’artiste s’engage en créant une sérigraphie intitulée Stop Racism, dénonçant les inégalités raciales partout dans le monde. Dès 1997, le thème de l’écologie fait son apparition dans son travail, notamment avec sa toile Act Now, Apologize Later, qui a servi de couverture au livre éponyme d’Adam Werbach, un militant écologiste américain. Féru de musique, Fairey réalise des pochettes d’albums et des affiches de concerts, ou tire le portrait de Sid Vicious des Sex Pistols, Bob Marley ou encore Snoop Dogg.
 
La politique américaine est également l’un des sujets fétiches de l’artiste, qui commence à incorporer les visages des présidents Richard Nixon et surtout George Bush au tournant du millénaire, principalement pour critiquer les déviances du système (corruption, mensonges, propagation des armes à feu…). La tendance change en 2008 lorsque l’une de ses affiches, Progress, représentant Barack Obama, est reprise par son équipe de communication après quelques changements. Devenue culte après avoir changé son nom en Hope, cette sérigraphie est considérée comme fondatrice dans le travail de l’artiste.
 
Entre deux, le 26 janvier 1996, la première "muse" de l’artiste, André the Giant, s’éteint dans son sommeil alors qu’il séjournait dans un hôtel parisien pour l’enterrement de son père. Après une demande de la famille du Géant, Fairey apporte quelques modifications au visage d’André pour créer le visage utilisé encore aujourd’hui sur les productions de l’artiste. Et c’est en voyant le film They Live (Invasion Los Angeles) de John Carpenter que lui vient l’idée du slogan Obey, en reprenant les messages subliminaux que font passer les extraterrestres aux humains via des panneaux publicitaires.

Une célébration malhabile par endroits

Pour célébrer le travail de Shepard Fairey, le lieu d’exposition Spacejunk a investi le Musée Guimet (situé dans le 6e arrondissement) le 8 mars pour une rétrospective de son œuvre. Une exposition immanquable pour tous les amateurs de street art, mais qui recèle quelques défauts. Dans certains cartels, des erreurs se cachent, tantôt de forme, tantôt de fond (non, 1984 de George Orwell n’est pas sorti en 1984, mais bien en 1949, soit 35 ans plus tôt), sans oublier des coquilles sur le nom de l’artiste lui-même, qui plus est sur l’affiche Hope, l’un de ses travaux les plus connus (Faire au lieu de Fairey, coup dur !)

Aussi, les premiers visiteurs de l'exposition seront déçus d'apprendre que certaines œuvres manquaient à l’appel lors de notre première visite le 8 mars, jour de l’ouverture au grand public et ont été ajoutées par la suite. Des cartels manquaient aussi dans la section de l’exposition dédiée à la musique, et une autre section montrant les livres réalisés par l’auteur n’était pas du tout installée le premier jour – elle l’était le lendemain. 
 
Cette exposition propose malgré tout une sélection impressionnante des œuvres de Fairey, de ses débuts à aujourd’hui. Plusieurs sections se focalisent sur les différentes parties de son travail, que ce soit par thème ou par secteur (vêtements, skateboards ou encore musique, avec une salle entière dédiée à ce seul thème), et des pièces tirées à seulement deux ou trois exemplaires sont également exposées, accompagnées d’originaux de l’artiste.
 
Si vous envisagez la visite, n’oubliez pas de prendre des vêtements chauds : le musée est aussi froid que le regard de Big Brother.

Shepard Fairey, 1001 reasons to (Dis)OBEY
Au Musée Guimet jusqu’au 9 juillet

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