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Bandit Bandit : coup de tête

Bandit Bandit : coup de tête

Rock / Programmé en deuxième semaine de la toute nouvelle Rayonne, le duo lyonnais Bandit Bandit vient de faire paraître avec "11:11" un premier album percutant qui devrait l'emmener loin. 

Il y a deux ans, à l'occasion de la sortie d'un deuxième EP très prometteur, nous avions voulu réaliser un portrait du pétaradant duo façon Bonnie & Clyde qu'est Bandit Bandit, duo porté par la chanteuse Maëva Nicolas et le guitariste Hugo Herleman, couple à la ville et à la scène. Projet finalement abandonné tant le groupe s'était révélé insaisissable pour cause de petite pleine bourre. Bandit Bandit participant notamment à The Artist, sorte de Nouvelle Star version Nagui et accident industriel notoire même pas foutu de rendre grâce au potentiel de la formation lyonnaise, rapidement éliminé au profit de candidats beaucoup moins choc et moins rock (étant entendu que le rock n'intéresse plus guère la télévision).

Dommage pour Bandit Bandit mais pas tant que ça, la petite pleine bourre ayant continué, en tournée notamment, y compris à l'étranger et jusqu'en Corée (du Sud, hein, faut pas exagérer). Et en studio avec un premier album très soigneusement mis au point, d'où le délai. Et donc deux ans plus tard, bim, la chose est de sortie et s'appelle 11:11, hommage à ces heures miroir qui font tant fantasmer (on ne sait pourquoi) à la contemplation des radio-réveil (comme 22h22 ou éventuellement 33h33, par exemple).

Et comme on dit à la Sécu ou à la Poste, ça valait le coup d'attendre. Les hostilités avaient été ouvertes en amont avec un clip en split screen fort bien troussé du single Toxique Exit donnant un ton pour le moins querelleur sur l'air de « tout plaquer ». Car Bandit Bandit n'est jamais vraiment avare de ses manifestations d'envie d'en découdre. Voir d'en recoudre pour mieux en redécoudre derrière (y a des gens comme ça). Le résultat est à l'avenant, serré, tendu, ramassé, 34 minutes douche comprise pour onze morceaux, rien qui dépasse, mais pas mal de choses qui débordent, notamment la richesse du registre. Bandit Bandit a pris le parti d'un variété rock qui s'entend à tous les sens du terme (ça lorgne vers la variété pour embrasser les radios mais brasse à côté plusieurs esthétiques du registre rock, de la pop au métal en passant par le stoner-rock et des clins d'œil garage garnis d'orgues vintage). Et étale un savoir-faire et une efficacité que lui permettent un Hugo en tenancier d'une impressionnante riffothèque et la plasticité du registre d'une Maëva en mode boule de feu autant que tongue-in-cheek.

Car si les thématiques abordées — toujours en français — sont sérieuses (la toxicité potentielle du couple, le féminisme à l'abordage, notamment), rien n'est toujours tout à fait déroulé au premier degré. En témoigne un goût prononcé pour les jeux de mots (en vrac : « le cœur sûr, le curseur est monté d'un cran », « suis-je encore ta muse, ça t'amuse » « démocratie, des mots crasseux », « la marée, monte, la mer aimante », « je suis éprise, sous ton emprise », on en passe...) qui ne peut être une simple facilité et renvoie forcément à Gainsbourg (et à son idée du couple se renvoyant la balle). La preuve encore sur le très "Me too" Pyromane (« si tu m'allumes, je t'éteins ») qui fait feu de tout bois et en prime semble musicalement revisiter un générique d'animé japonais revu par la troupe metal de Bernard Minet.

Plus sérieusement, Bandit Bandit multiplie les références parfois subliminales et peut-être inconscientes évoquant pêle-mêle Garbage, une version pop de PJ Harvey, The Kills, sans doute une des références du duo dans le registre du couple plutôt chaudard, autant que Niagara, ou même (les vrais savent) Louise Wiener et son Sleeper brit-pop. Tout juste pourrait-on faire la fine bouche sur une production un poil trop propre qui semble préférer l'horizon des radios que le purisme dilettante des indés. Une chose est sûre, Bandit Bandit sait ce qu'il veut et est en route pour l'obtenir. Et s'il faut distribuer quelques coups de boule au passage...

Bandit Bandit, 11:11 (Backdoor Records)
À La Rayonne le 20 octobre

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