Suisse / On ne l'imaginait pas si séduisante. Bâle coule des jours tranquilles d'une rive à l'autre du Rhin et déploie ses nombreux (40 !) musées dont certains sont exceptionnels. Bien sûr tout cela a un coût (en francs suisses) mais il y a moyen de s'y retrouver. Départ !
Troisième ville la plus peuplée de Suisse après Zurich puis Genève, Bâle (Basel pour ses voisins allemands) et ses 190 000 habitants sont établis dans un cadre idyllique, les pieds dans le Rhin. La baignade – prudente – est d'ailleurs autorisée. Le fleuve se traverse en barque arrimée à un câble (moyennant 3 min et 2 francs suisses). Erasme y est mort en 1536, l'idole Roger Federer y est né (en 1981). Tous deux ont donc connu cette vieille ville piétonne datant de l'époque médiévale, rive gauche. Il en reste notamment le Rathaus, musée historique de la pharmacie, en face de ce qui fut la première université de Suisse et bien sûr la cathédrale. On la gagne par un escalier en débarquant de la petite embarcation, aussi appelée « Fähri ». Son parc offre une magnifique vue sur le fleuve qui a valu à la ville sa prospérité dès le XIIIe siècle, véritable carrefour commercial européen. Tout en briques de grès rose et tuiles vernissées, ce Münster, dont il ne reste que deux tours sur cinq après le terrible séisme de 1356, se visite d'abord à l'air libre. On peut contempler ses cloîtres ajourés du XVe qui sont truffés de tombeaux d'anciens hauts dignitaires de la ville et surtout de sculptures de bronze d'un étal de marché.
À l'intérieur, grande sobriété : peu de lumière et le tombeau d'Erasme dans une chapelle attenante. De cette Münsterplatz, on peut rejoindre la Marktplatz où se tient un marché tous les matins sauf le dimanche et contempler la mairie ocre avec ses frises dessinées représentant des personnages importants de l'histoire suisse. Dans les cours, trônent le beffroi construit en 1904 et les peintures murales de l'enfant du pays, Hans Bock. Ce quartier regorge de ruelles pavées à arpenter le nez en l'air pour admirer les façades, en ne ratant tout de même pas les (168 !) fontaines ornementées de la ville, notamment celle de Tinguely, compagnon de Niki de Saint-Phalle, autre enfant du pays qui a aussi un musée rien qu'à lui.
Le Kunstmuseum
Musée de la pharmacie, musée de la musique, musée du papier, musée des jouets, musée juif, musée antique... et le Kunstmuseum en majesté (sa partie art contemporain — Gegenwart — est à trois arrêts de tram). Ce musée d'art est l'un des plus importants d'Europe, sinon du monde. Il a ouvert ses portes à l'emplacement d'une ancienne usine dans les années 1930 mais la collection a commencé dès 1661. Ses immenses portes d'entrée, surmontées de vitraux, sont déjà de l'art. Il abrite des collections du Moyen Âge et de la Renaissance (le renversant Triomphe de la mort de Brueghel) ainsi que des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles mais surtout des œuvres d'art moderne européen d'après-guerre. Calder, Mondrian, Picabia, Nolde, Klee (ah son Senecio !), Schiele, Léger, Braque, Cézanne, Van Gogh, Renoir, les splendides « mini » Giacometti, Beuys... Puis les néons de Dan Flavin pour relier en sous-sol le bâtiment principal au nouveau. Actuellement une des quatre expositions temporaires est consacrée à la Luso-britannique Paula Rego.
Kunstmuseum, Saint-Alban graben 16. Ouvert mardi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche de 10h à 18h, mercredi de 10h à 20h ; de 16 à 39 CHF (francs suisses).
Le Cartoon museum
Petit musée chaleureux sur trois étages sans fond permanent, mais avec un artiste mis à l'honneur durant six mois. Joe Sacco, Chris Ware, Blutsch et tant d'autres sont passés par ici depuis son ouverture en 1980. C'est au tour du magnifique illustrateur allemand Gerhard Glück (jusqu'au 9 mars). Thomas Ott, Alison Bechdel lui succèderont. Puis Christophe Blain (Quai d'Orsay) en novembre 2025.
Cartoon museum, St. Alban-Vorstadt 28. Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 17h ; de 7 à 14 CHF
La Fondation Beyeler
Même au risque de l'overdose, impossible de ne pas pousser jusqu'à cette Fondation qui est accessible depuis le centre de Bâle avec le tram T6 et porte le nom du couple de collectionneurs qui l'a fait ériger par Renzo Piano en 1997. La collection permanente de 400 pièces tourne régulièrement tant les époux ont acquis de chefs-d'œuvre. Les Nymphéas de Monet, c'est ici. Le In Memory of George Dyer de Bacon, L'oiseau de Brancusi aussi. Matisse est à l'honneur jusqu'au 26 janvier dans l'espace temporaire qui sera bientôt augmenté d'un autre bâtiment. Dans le parc des sculptures de Giacometti, le Lièvre de Thomas Schütte ou les Arbres de Calder.
Fondation Beyeler, Baselstrasse 101, à Riehen. Ouvert 365 jours/an, lundi, mardi, jeudi, samedi, dimanche de 10h à 18h, mercredi de 10h à 20h, vendredi de 10h à 21h ; 30 CHF (plein tarif)
VITRA : en Allemagne pour le design !
À seulement 7 km au nord de Bâle, vous voici en Allemagne à Weil am Rhein. Le Vitra Campus vous tend les bras (bus n° 55, 15 min depuis la gare de Bâle) pour une plongée assez fantastique dans l'univers de ceux qui ont inventé le design au XXe siècle. Une affaire de nantis ? Oui, au vu des prix – même ceux des miniatures dans la boutique – mais aussi une leçon de choses sur ces objets qui nous environnent, tant Ikea et ses équivalents ont pompé leurs idées. Le fauteuil Pang ? C'était la « Cité » de Jean Prouvé. La Fröset était la Plywood du duo Eames...
Il y a aussi un showroom constitué de maisons empilées les unes sur les autres par l'agence Herzog & de Meuron (la Vitra Haus), un musée dessiné par Frank Gehry pour des expos sur de jeunes architectes (actuellement sur la firme Nike, la création du logo, l'innovation au service des plus grands sportifs...), une collection de 7 000 objets alignés (Schaudepot), un jardin, des usines de production... Vous serez là hors sol !
Campus Vitra, Charles-Eames strasse, à Weil am Rhein. Ouvert tlj de 10h à 18h ; Vitra Haus gratuit, museum + Vitra Schaudepot 19€/21€
Bâle pratique
Où se loger ?
Bâle est très chère. Un peu moins si vous y préférez les week-ends à la semaine, quand les industriels de la chimie et de la pharmacie ont déserté (Novartis c'est ici). Il y a des possibilités d'appart-hôtel à 70 CHF la nuit avec kitchenette pas loin de la gare (Vision Apartment).
Où manger ?
Encore une fois, ce n'est pas donné, notamment le long du Rhin.
Dupont. Parfait pour boire un Apfelschorle au soleil (5 CHF pour 30 cl) ou une bière (6 CHF le demi). Possibilité de manger. En cet hiver : fondue de fromage suisse pour 32 CHF par personne. Greifengasse 2. Ouvert tous les jours dès 11h30
Bäckerei Kult. Cette mini pâtisserie historique (1726 !) est succulente et propose une multitude de pains dont la levure a levé plusieurs jours. Possibilité de s'attabler. Riehentorstrasse 18. Ouvert du mardi au vendredi de 6h30 à 18h30, samedi de 8h à 16h, dimanche de 8h à 14h
Markthalle. C'était un marché alimentaire jusqu'en 2004. Ça n'a plus cette fonction que le samedi car c'est depuis 2014 un food court avec toute la cuisine du monde comme La Commune à Lyon. Expos, concerts, soirées salsa ou visionnages de la série culte allemande Tatort (si si !) en sus. Steinentorberg 20. Ouvert lundi de 9h à 21h, mardi, mercredi, jeudi de 9h à 00h, ven, sam de 9h à 2h, dim de 9h à 22h
Comment y aller ?
En voiture. De 4h à 4h30 par la France via Dôle et Besançon ou en Suisse via Genève
En train. 3h30 et 66€. Changement à Mulhouse