Sculpture / Avec La route des signes, l'artiste Sérgio Carronha restitue la trace d'un voyage mémoriel et personnel reliant le Portugal et Lyon, les fleuves et la terre, l'art et la vie.
Quittant Montemor-o-Novo, petite ville portugaise à quelques kilomètres de Lisbonne, afin de se diriger vers Sablons d'abord, et par la suite vers Lyon, Sérgio Carronha a non seulement relié trois points sur une carte, mais a suivi celui qu'il définit comme le "programme invisible" de nos vies.
Sans s'exposer à la visibilité, le destin dessine des chemins parfois étranges et étonnants, croisant d'autres parcours encore plus surprenants, pour donner lieu au prodige de la vie. Et si la vie de son illustre concitoyen, Jean de Dieu, le "Père de l'hôpital moderne", l'avait emmené, avant sa conversion foudroyante, à traverser l'Europe à la recherche de la gloire, celle de Sérgio Carronha a conduit l'artiste vers notre ville, grâce à un chemin chargé d'anecdotes et d'expériences.
Lignes de force
L'exposition lyonnaise est le fruit de ce voyage, restitution d'un road trip de six jours, mais également de sa résidence à Moly-Sabata et d'une réflexion in loco grâce à une installation conçue explicitement pour ce lieu, travail qui fait résonner les spécificités de l'espace.
La route des signes se construit autour d'une diagonale qui recoupe et relie les trois salles de la BF15, tracé invisible obtenu à l'aide d'un pendule et qui se matérialise grâce au positionnement de trois sculptures. Les œuvres rythmant les espaces représentent des points énergétiques gravitant autour de cette ligne de force majeure et participent à construire une respiration constante et équilibrée.
L'eau et l'invisible
L'exposition est traversée par plusieurs tensions qui la structurent et la déstructurent, à partir de celle aquatique qui conjugue le rio Almansor de sa ville au Portugal au Rhône et à la Saône. Lyon, ville enclavée entre deux fleuves, ne pouvait que résonner dans les espaces et cela a lieu notamment dans la première salle, consacrée aux aspects de la réalité matérielle extérieure. La lumière pénétrant par les baies vitrées embrase la splendide céramique Choisir et décider et le grand étendard bariolé Devant et derrière dont les traits rappellent les tracés fluviaux.
L'autre grande tension se polarise autour de concepts d'absence et de présence qui focalisent les foyers sensibles. La matérialisation de l'invisibilité et l'excavation michélangelesque "per forza di levare" dans le visible tissent une trame vitale et philosophique, où le vécu se recoupe avec le désir.
Honorer une aventure trentennale
L'exposition La route des signes cohabite avec la réactivation d'un fragment de l'œuvre de Pascal Poulain exposée en 2010, pour célébrer le trentième anniversaire de la BF15. Le titre, La carte, ainsi que son esthétique, créent immédiatement une corrélation avec le voyage de Sérgio Carronha, révoquant la visualisation cartographique des reliefs et des frontières, afin de laisser émerger seulement les noms des villes se trouvant à l'intersection entre longitude et latitude.
La route des signes par Sérgio Carronha
Jusqu'au 29 mars à La BF15 (Lyon 1er) ; entrée libre
