Festival / Les Nuits de Fourvière dévoilent sa programmation scène qui se tiendra du 2 juin au 26 juillet où la danse et le cirque tiennent le haut de l'affiche, avec des figures incontournables comme Hofesh Shechter, Benjamin Millepied, Mehdi Kerkouche ou encore le Groupe Acrobatique de Tanger.
Si les Nuits de Fourvière restent associées à une programmation musicale foisonnante, la partie spectacles du festival ne manque pas d'arguments. Moins de théâtre cette année, plus de danse, de cirque — et même de la magie ! Une artiste "fil rouge" suivra toute cette édition : Lucie Antunes. Percussionniste et électron libre de la création contemporaine, elle multipliera les apparitions avec cinq projets entre musique, danse et performance, dont une Symphonie pour 100 batteries qui résonnera dans la Halle Tony Garnier le 21 juin.
Une danse physique et immersive
L'ouverture du festival sera marquée par Political Mother : The Choreographer's Cut de Hofesh Shechter (du 2 au 4 juin au Grand théâtre antique). Véritable mur de son et de mouvement, cette version adaptée à l'extérieur amplifiera encore l'effet hypnotique de la pièce originale, avec ses 24 musiciens installés sur une structure métallique et ses 14 danseurs en transe rythmique. Hofesh Shechter, qui avait signé la chorégraphie du film En corps de Cédric Klapisch, jouera une partition féroce entre explosion rock et marche militaire.
Benjamin Millepied, ex-directeur du Ballet de l'Opéra de Paris, s'emparera de l'univers de Jeff Buckley avec Grace (du 17 au 18 juin au Grand théâtre antique). Ce ballet tissera une narration éclatée sur les chansons de l'album mythique du musicien disparu, articulant des duos fiévreux et des tableaux d'ensemble marqués par la précision et l'urgence du mouvement.
Mehdi Kerkouche, chorégraphe récemment révélé au grand public, investira le Transbordeur avec Prima (du 8 au 10 juillet). Cette version live de sa création rassemblera sa troupe habituelle et la percussionniste Lucie Antunes pour une fusion de pulsations électro et une danse dynamique, héritée aussi bien des clubs que des réseaux sociaux.
Hervé et le duo MazelFreten s'associeront pour un projet singulier Hervé x MazelFreten le 24 juin à l'Odéon. Le chanteur électro-pop, s'entourera de danseurs issus des scènes électro et hip-hop pour un spectacle qui mêle concert et performance chorégraphique.
Le cirque comme terrain d'expérimentation
KA-IN (le 23 juin au Grand théâtre antique) poursuivra l'évolution du Groupe Acrobatique de Tanger, collectif qui s'inspire de la tradition circassienne marocaine pour l'amener vers des écritures contemporaines. Sous la direction de Raphaëlle Boitel, la troupe créera une fresque visuelle où les portés, pyramides humaines et voltiges évoqueront la tension entre ancrage et émancipation.
Baro d'evel reprendra Qui Som? (du 4 au 11 juin, aux Célestins), un spectacle déjà présenté l'an dernier et construit comme une succession de fragments où acrobatie, théâtre et musique se répondent.
Le Cirque Queer, lui, investira sous chapiteau la place de la Croix-Rousse (du 12 au 20 juin) avec Le premier artifice, une relecture flamboyante des codes du cabaret et du freak show, affirmant un cirque résolument politique et inclusif.
Le petit cirque des saisons (du 15 au 17 juillet au Grand théâtre antique) réunira Marie et Yoann Bourgeois autour de la chanteuse Pomme. Yoann Bourgeois, qui avait disparu des radars après des accusations de plagiat, revient ici à son obsession du déséquilibre, en mettant en scène un jeu de gravité où corps et musique interagissent en suspension. L'ENSATT ouvrira ses portes du 27 juin au 1er juillet pour un Marathon jeune création, où plusieurs mises en scène d'étudiants seront présentées en continu, offrant un panorama de la relève théâtrale. On regrette cependant la disparition du village de cirque de Lacroix Laval qui offrait autrefois un véritable espace de représentation.
À lire aussi dans Le Petit Bulletin : La Métropole de Lyon coupe les budgets : les Nuits de Fourvière en première ligne
Une présence plus discrète pour le théâtre
Le théâtre sera moins présent à cette édition avec peu de créations et beaucoup de spectacles déjà tournés. Portraits Hôtel (du 3 au 9 juin) tentera néanmoins un format original sous l'impulsion d'Angélique Clairand et Éric Massé — directrices et directeur du Théâtre du Point du Jour — et mis en scène par le jeune Pascal Cesari. Chaque représentation se tiendra dans une chambre d'hôtel, transformant ces lieux de passage en scènes où se croisent récits intimes et portraits de voyageurs.
Les Chiens de Navarre poursuivront leur passage au crible des institutions en s'attaquant au monde judiciaire avec I will survive (du 24 au 28 juin au TNP de Villeurbanne). Après Tout le monde ne peut pas être orphelin et La vie est une fête, la troupe de Jean-Christophe Meurisse orchestrera une farce où le grotesque et la critique sociale s'entrechoquent.
Vincent Dedienne, quant à lui, reviendra avec Il ne m'est jamais rien arrivé (du 4 au 6 juin au Théâtre de la Croix-Rousse), offrant une lecture du journal de Jean-Luc Lagarce qui lui permet d'explorer la solitude et la quête d'identité du dramaturge.
Madame Ose Bashung (le 6 juillet à l'Odéon) revisitera le répertoire d'Alain Bashung en version cabaret électro-rock. Initié par Sébastien Vion alias Corrine, ce spectacle flamboyant mêlera guitares saturées et arrangements classiques, où Osez Joséphine résonnera dans un saloon et Vertige de l'amour se jouera sur un lit gonflable. Trois interprètes, Corrine, Brenda Mour et Patachtouille, s'approprieront ces chansons en les réinventant dans un dialogue entre rock et performance queer.
Enfin, un mot sur le volet jeunesse avec notamment Olivier Letellier, metteur en scène spécialiste du théâtre jeunesse, présentera Killt, un conte écologique explorant les forêts. 3D et Le Complexe de l'autruche complèteront cette offre. 3D jouera sur l'interaction entre agrès de cirque et instrument de musique avec un immense arc en bois traversé d'une corde métallique, pour créer un spectacle visuel et sonore. Le Complexe de l'autruche mettra en scène huit équilibristes défiant la gravité tête en bas, dans une performance entre rigueur et absurdité, célébrant la diversité et le vivre-ensemble.
Nouveauté cette année, Le village magique (du 4 au 12 juillet au Lycée Saint-Just) accueillera plusieurs magiciens contemporains pour nous plonger dans l'art de l'illusion, parmi lesquels Thierry Collet, qui détournera les nouvelles technologies pour interroger notre rapport au réel et à l'illusion ainsi que l'anglaise Laura London qui contera l'histoire d'une joueuse de cartes du siècle dernier.
Des relectures et des croisements artistiques
Carmen (le 26 juin au Grand théâtre antique) marquera le retour d'Israel Galván, figure du flamenco contemporain. Avec l'Orchestre National de Lyon et une distribution réduite à trois chanteurs lyriques et une guitariste flamenca, il façonnera une version minimaliste où la danse agit comme un catalyseur dramatique.
Enfin, Ô Guérillères (le 8 juin à l'Odéon) orchestrera une rencontre entre la performeuse Phia Ménard, la comédienne Anna Mouglalis et la musicienne Lucie Antunes autour de l'œuvre de Monique Wittig. Ce projet hybride revisitera le manifeste féministe sous la forme d'un concert électro-rock tendu où les mots se heurteront aux pulsations rythmiques.
Nuits de Fourvière 2025, la programmation spectacle
Juin
Political Mother: The Choreographer's Cut par Hofesh Shechter (du 2 au 4 juin au Grand théâtre antique)
Portraits Hôtel, Angélique Clairand et Éric Massé (du 3 au 9 juin dans divers hôtels lyonnais)
Qui Som?, des Baro d'evel (du 4 au 11 juin au théâtre des Célestins)
Il ne m'est jamais rien arrivé par Vincent Dedienne (du 4 au 6 juin au Théâtre de la Croix-Rousse)
Tatiana, par Julien Andujar (du 5 au 6 juin aux Subs )
3D, par la Compagnie H.M.G (le 8 juin au Grand théâtre antique)
Ô Guérillères par Anna Mouglalis, Lucie Antunes, P.R2B, Phia Ménard (le 8 juin à l'Odéon)
Grace - Jeff Buckley Dances par Benjamin Millepied (les 17 et 18 juin au Grand théâtre antique)
Le premier artifice par le Cirque queer (du 12 au 20 juin à la place de la Croix-Rousse)
Le Complexe de l'Autruche par Le Collectif d'équilibristes (le 18 juin au Grand théâtre antique)
KA-IN par Le Groupe Acrobatique de Tanger & Raphaëlle Boitel (le 23 juin au Grand théâtre antique)
Hervé x MazelFreten (le 24 juin à l'Odéon)
I Will Survive par Les Chiens de Navarre (du 24 au 28 juin au TNP de Villeurbanne)
Carmen par Israel Galván & Orchestre National de Lyon (le 26 juin au Grand théâtre antique)
Marathon jeune création de l'ENSATT (du 27 juin au 1er juillet à l'ENSATT)
Juillet
Les Clairvoyantes par Claire Chastel & Camille Joviado (du 4 au 7 juillet au Lycée Saint-Just)
Magic Night #1 par Laura London, Dylan Foldrin, Quentin Thirollier, Marc Rigaud, Thierry Collet (du 4 au 7 juillet au Lycée Saint-Just)
Que du bonheur (avec vos capteurs) par Thierry Collet (du 9 au 12 juillet au Lycée Saint-Just)
Magic Night #2, par Rúbi Férez, Luc Apers, Marc Rigaud, Jeanette Andrews (du 9 au 12 juillet au Lycée Saint-Just)
Madame Ose Bashung par Sébastien Vion par la Cie Le Skaï et l'Osier (le 6 juillet à l'Odéon)
Prima par Mehdi Kerkouche & Lucie Antunes (du 8 au 10 juillet au Transbordeur)
Le petit cirque des saisons par Pomme, Marie & Yoann Bourgeois (du 15 au 17 juillet au Grand théâtre antique)
Nuits de Fourvière
Du 2 juin au 26 juillet (programmation scène) dans différents lieux de la ville ; de 10 à 67 €