Spectacle vivant / Dans une grande forme, en s'entourant de dix artistes, le duo des Baro d'Evel continue de se confronter à la fragilité du monde mais impose dans le marasme leur espoir indestructible.
Tout finit en fanfare : comme si se taire n'était pas une option. Depuis les années 2000, Blaï Mateu Trias et Camille Decourtye portent cette compagnie hybride, circassienne – ils se sont rencontrés au CNAC – qui emprunte au langage de la danse, du théâtre, des arts plastiques et tentent de dire avec une grâce infinie comment ils tiennent debout. Ici, ils s'entourent de dix compagnons qui font parfois la route avec eux depuis une décennie. Dans des danses de groupe qui font claquer le sol, des personnages comme extraits de l'historique et magistral May B de Maguy Marin, font corps face à un monde qui s'autodétruit, englués sous la pollution et l'infâme rejet des autres.
Interroger la peur et l'altérité
Oui la mer ne cesse de recracher jusqu'à la nausée les corps de ceux qui ont migré. Dans un décor mouvant et étonnant qu'ils ont la bonne idée de n'actionner que tardivement (et que donc ils n'épuisent pas), ils interrogent la peur autant que l'altérité via notamment les quelques traversées de plateau d'une enfant. Sans chevaux ni oiseau, mais avec un chien très subtilement présent, ils confient à leur groupe d'humains la charge d'envisager l'avenir et d'y trouver encore un espoir. Poursuivant leur travail esthétique sur le noir et blanc à l'aide notamment de cette fabuleuse matière qu'est l'argile, ils tendent vers la couleur quasiment au forceps, avec la volonté viscérale de ne pas lâcher « car c'est toujours aujourd'hui que l'espoir s'achève. Encore demain. Encore après-demain ».
Qui som ? de la compagnie Baro d'Evel
Vendredi 19 et samedi 20 juillet aux Nuits de Fourvière à 21h30 ; de 18€ à 32€