Au Périscope, Sourdure, vents debout

Sourdure

Le Périscope

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Musique Traditionnelle / Percutant les musiques traditionnelles auvergnates de ses fulgurances électroniques, Ernest Bergez — alias Sourdure — vient présenter son troisième opus au Périscope, finement accompagné d'une partie des instrumentistes invités sur De Mòrt Viva : c'est le concert de la semaine.

Conseiller à la programmation du Musée des Confluences, mais aussi journaliste spécialisé en musiques traditionnelles de longue date, féru d'instruments venus de tous horizons et de toutes époques, Philippe Krümm nous affirmait il y a quelques jours : « parmi les espèces en voie de disparition, on oublie les instruments de musique ! » Il est vrai que face à l'invasion du home-studio et des plug-in, du tout digital, plus trop besoin d'aller chercher un thérémine ou un clavecin d'époque, par exemple, pour explorer des sons et vibrations inconnues durant de longues heures... Il reste quelques collectionneurs comme le trop rare Jaron Lanier pour sauvergarder ces "espèces sonores". Ou les explorateurs des musiques traditionnelles, qui à intervalles réguliers remettent au goût du jour d'ancestrales harmonies, langues et danses — dans les seventies, en les parfumant de rock ou de jazz dans le sillage d'Alan Stivell et Malicorne, au début des années 1990 en les confrontant au rap (Fabulous Trobadors et Massilia Sound-System) ou aux musiques électroniques (Denez Prigent), ou depuis quelques années en explorant plus profondément encore les musiques électroniques et l'échantillonage, tel l'homme qui nous intéresse aujourd'hui et qui est l'un des chefs de file de cette scène néo-trad' qui passionne de plus en plus au-delà de ses cercles habituels, Sourdure — à l'instar de La Còr de la Plana côté occitan, de Superparquet ou du très beau trio breton Fleuves.

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Qui sait à quoi ressemble une cabrette ?

Sourdure est le projet d'Ernest Bergez et explore les musiques traditionnelles du Massif Central, chantant en occitan auvergnat et un peu en français, et s'il manie à merveille le montage et le cut-up électronique, il s'entoure aussi — d'où le clin d'œil en ce début d'article — de multiples instruments parfois oubliés, qu'il en joue lui-même ou qu'il convie des spécialistes. Que l'on en juge avec les invités et invitées de de son dernier album, De Mòrt Viva, paru comme c'est souvent l'usage ces dernières années dans la scène indie via plusieurs labels (Pagans, Les Disques du Festival Permanent, Murailles Music) : Laurent Boithias à la vielle à roue, Eloïse Decazes au concertina, Wassim Halal au daf, Elisa Trébouville au banjo, Amélie Pialoux au cornet à bouquin et aux trompettes anciennes, Jacques Puech à la cabrette. Les noms eux-mêmes incitent au rêve : qui sait à quoi ressemble une cabrette en dehors de l'Auvergne ? C'est un instrument à vent qui fait partie de la famille des cornemuses à anche double, et son nom vient du sac de cuir de chèvre qui la façonne. La cabrette est l'indispensable des bourrées et des bailles folkloriques et elle est inscrite à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel depuis 2017 en France. Ernest Bergez, de sa place centrale, outre le chant (qu'il partage avec certaines des instrumentistes) et en sus des parties électroniques, joue du violon et du dotâr, un luth à long manche venu d'Iran.

La claque novatrice assénée côté composition

Avec cet orchestre Ernest Bergez façonne un univers qui n'est en rien, ou presque, identifiable : nous sommes très loin d'un simple disque de musique électronique avec sampling amélioré par les invités, ou d'un chanteur trad' posant sa voix sur des boucles. C'est un tout intense qui est offert par Sourdure depuis trois albums — Mantras en 2019 et L'Esprõva en 2018 avaient déjà accroché l'oreille —, une exploration cohérente en dehors des sentiers connus, qui mêle passion sincère pour les vieux instruments et production futuriste pour façonner ce folk intemporel et défricheur. Au-delà de la claque novatrice assénée côté composition, ne pas négliger l'apport des textes, une poésie occitane auvergnate qu'il faut lire dans le livret du disque pour saisir toute l'importance de ce disque et de son géniteur : Sourdure a déjà posé son empreinte indélébile sur le patrimoine musical français.

Sourdure
Au Périscope le vendredi 1er octobre à 21h

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