A la croisée des roots

Sept ans après «La Mort des Justes», le bénino-stéphanois Assoh Babylas sort un nouveau LP de pur reggae roots africain aux textes incisifs qui nous interpellent. Niko Rodamel

Assurément, Assoh Babylas affiche déjà quelques kilomètres au compteur tant son parcours géographique et musical en fait désormais un homme mature, riche et toujours aussi engagé. Né en 1973, il quitte son Bénin natal à vingt ans pour s’installer au Togo et y fonder son premier groupe. Mais ce sera à Abidjan qu’il se mettra définitivement à chanter le reggae, côtoyant entres autres artistes chevronnés, Alpha Blondy. Après des escales hollandaises puis italiennes, le musicien posera finalement ses valises en France en 2002, à Saint-Étienne. La mort des justes sort en 2006 sous l’étiquette «Assoh Babylas et les Kinikinis Wéwés», propulsant pour de bon l’artiste sur la scène reggae. Depuis 2002, Assoh multiplie les concerts aux six coins de l’hexagone, mais aussi au Bénin, au Togo et au Burkina Faso, en passant par l’Allemagne et la Suisse.

Taximan

Sept années se sont écoulées depuis son dernier enregistrement et Assoh Babylas aura embarqué pas mal de monde dans son taxi pour réaliser son nouvel album Taximan. On retrouve ici quelques membres et fidèles amis des Kinikinis Wéwés, de la Dub Inc, de Datune ou encore de Jah-Gaïa, auxquels se sont joints les choristes et quelques-uns des musiciens de Tiken Jah Fakoly. Huit mois d’enregistrement entre le studio stéphanois Innacity et Paris pour les cuivres. Le titre Kings of Abomey a même été enregistré en Jamaïque avec Andrew Diamond, et figure conjointement sur le disque du chanteur américain. Le second featuring, Brother’s songs, est partagé avec l’ivoirien Ismaël Isaac. Mais au-delà du compositeur et de l’interprète, Assoh Babylas est peut-être avant tout un auteur aiguisé. Les textes de Taximan tentent de réveiller nos consciences, de nous interpeler à propos de la situation critique en Afrique où seuls les décideurs se remplissent les poches (Le cercle de feu). Il revient sur l’assassinat en 1961 de l’un des symboles indépendantistes de l’ex-Congo belge (Lumumba), manifeste une sincère empathie pour le peuple ivoirien (Ivoirité) ou pour les « petites sœurs » à qui l’on promet de façon éhontée l’Eldorado européen (Elles). Mais Babylas voit aussi plus large en s’interrogeant par exemple sur les prises d’otages à travers le monde (Otages), ou encore sur le printemps arabe (Rendez-vous). Avec ces quinze titres haut en couleurs, Babylas poursuit ainsi son combat avec cette voix pure et limpide qui donne aussi l’espoir d’un monde meilleur.

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