Un film de Safy Nebbou (Fr, 1h45) avec Raphaël Personnaz, Evgueni Sidikhine...
Manger des fraises au sucre peut donner envie de les accommoder sur un fond de pâte sablée ; on se trouve alors en présence d'un dessert fort différent (tout aussi savoureux, sauf pour les allergiques) que la logique recommande de désigner, par convention, sous le nom de “tarte aux fraises.” De la même manière, lorsqu'un cinéaste trouve un roman à son goût et se met en tête de l'adapter pour l'écran, si l'envie lui vient de modifier substantiellement l'histoire, ne devrait-il pas en changer le titre ?
Le roman de Sylvain Tesson raconte la solitude d'un homme face à lui-même et à la glace du lac Baïkal, son besoin de vide intérieur et de contemplation. Safy Nebbou a-t-il eu peur de lasser le spectateur avec une quête initiatique ? Quelle besoin a-t-il eu d'ajouter un compère ermite, qui sert de potiche visuelle quand Raphaël Personnaz a de longues tirades à faire, et que vraiment, il ne doit les sortir qu'en français (à un Russe qui n'y comprend goutte, évidemment). Ce personnage purement utilitaire se révèle en définitive totalement superflu, bien plus agaçant que la myriade de plans “Arthus-Bertrand” insistant lourdement sur la beauté sibérienne vue du ciel.