Le Sucre lance son festival dans tout le quartier Confluence

Publié Mardi 30 septembre 2025

Musiques électroniques / Laurent Garnier, Winter Family, Mézigue, John Talabot : du 10 au 14 décembre 2025, les équipes d'Arty Farty (association organisatrice du festival Nuits sonores ou encore des soirées Intérieur queer) organisent un festival gravitant autour du club culte de Confluence, le Sucre.

Photo : La Sucrière ©Polisse6

« De nombreux festivals sont en mauvaises postures ou se font racheter, le fond de l'air est morose. Cette initiative est notre réponse : il faut qu'on continue à initier des choses, à construire et à solidifier nos partenariats à l'échelle du territoire », a exprimé Pierre Zeimet, directeur artistique du Sucre et de l'association Arty Farty, à la conférence de presse présentant l'événement.

L'idée aurait émergé autour de la célébration des 10 ans du Sucre. « On a réussi à réunir 4 000 personnes à la Sucrière pour le dernier soir, en warehouse [désigne les entrepôts - parfois squattés - ou des soirées underground avaient lieu ndlr]. On a senti que les personnes avaient envie de vivre ce genre de moment collectif, de se retrouver autour de la musique, même en hiver », a témoigné Cédric Dujardin, directeur général du Sucre.

À l'instar de Nuits sonores, la part belle sera donnée au live (50% des artistes programmés), aux artistes du territoire (plus de la moitié vivent dans la région) ainsi qu'aux propositions expérimentales, défricheuses. De même, on retrouve quelques propositions gratuites : l'ouverture du festival, au Sucre, ainsi qu'un marché accompagné de DJs sets, le samedi et le dimanche, à Heat.

Le festival se déroulera quatre jours d'affilée dans plusieurs lieux du quartier Confluence (Lyon 2e) ; le Sucre évidemment, mais aussi la Sucrière juste en dessous ainsi que la patinoire Charlemagne, le Périscope, le Sonic, Heat et Hôtel 71. Samedi et dimanche, la plupart des artistes programmés défileront sur les scènes de la Sucrière et du Sucre. C'est le jeudi 11 décembre qu'un "circuit" a été élaboré dans le quartier Confluence.

Jeudi expérimental

En 2008, Nuits sonores avait déjà investi la patinoire Charlemagne, recouvrant la glace pour que danseuses et danseurs puissent entourer les DJs. Cette fois-ci, les festivaliers pourront chausser des patins pour apprécier la musique façon roller (skating) disco ; mais avec de l'acid house, celle de deux figures françaises du genre, influencées par des figures telles qu'Autechre ou Aphex Twin : Fasme et Binary Digit qui seront en b2b.

Au Sonic, la programmation sera en adéquation avec l'identité du lieu. Les sons expérimentaux, saturés de Winter Family, seront à découvrir en live. Le couple (parfois accompagné par leur fille) use d'harmoniums, de grands orgues, de piano et de machines en tout genre, livrant un son unique agrémenté de spoken words. Les sons du collectif lyonnais Arm aber sexy envahiront, eux aussi, la cale du Sonic, rejoignant les sonorités "wave" de Winter Family.

Côté Périscope, l'artiste d'origine sud-coréenne Bela emmènera le public au cœur d'une performance queer, aux airs de rituel, plaquée sur des sonorités traditionnelles coréennes. Bien connu des Lyonnais(e)s, le fondateur des labels KUMP et Meth.O.tapes, Gil.Barte offrira un voyage pas moins méditatif, presque transcendantal à son public.

À Hôtel 71, place à l'algorave (en live, évidemment) de Ralt144MI & Adel Faure. Les lignes de code informatique s'y transformeront en musique, accompagné de visuels immersifs. On y retrouvera aussi l'énergie (en live) de Madmadmad, aux riffs bruts, secs, typiques du post-punk, mêlés au groove du funk et aux effets psychédéliques du Krautrock.

À Heat, rencontre avec le live entre folk, trip hop et pop d'Aracoeli tandis que le Sucre sera résolument tourné vers le hip-hop avec les Belges de Choolers Division.

Des nuits sans dormir

Vendredi 12 décembre, le Sucre reprendra ses formats phare, avec l'EXT.12 de 18h à 6h du matin : on y retrouvera des figures bien connues des Lyonnais tels que Mastaï, jeune pousse locale de la drum'n'bass et de la bass music mais aussi Mézigue, co-fondateur du label D.KO Records, que l'on croise régulièrement sur les scènes lyonnaises pour des sets à la fois funk, acid et house. Le résident du collectif Jamais le mardi Mendi fera entendre ses sets orientés afro baile et global bass. On retrouvera aussi plusieurs b2b : Flore avec Kode9 et Jasss avec John Talabot. Petit coup de cœur pour le live de Sha Ru, duo international qui déploie un mélange chaotique de UK bass et de techno noueuse, accompagné par un spoken words fébrile.

Samedi 13 décembre. Place à un autre format "culte" du Sucre : Sunset society deviendra, le temps d'une soirée, Saturday society avec l'acid bariolée du Ceephax acid crew usant de sonorités kitsch comme celles des Amiga ou des premiers ordinateurs. Il y aura aussi le live qu'on présage massif de Marcel Dettmann ou la hard techno percussive mêlant mutations esthétiques et hardcore de Roüge et de Caravel.

La soirée sera suivie d'un "after" au Sucre avec Roxane, Temple rat, Civic instruction et A Strange wedding. Ces derniers sont rattachés à l'écurie stéphanoise qu'on ne présente plus : le festival Positive education qui manquera beaucoup à ses aficionados cette année.

Dimanche, un Sunset society "grand format" sera à découvrir à la Sucrière, avec des pointures telles que Goldie B (anciennement MBkong), aux textures percussives et aux sets variés. Il y aura aussi DJ Deep, réinventeur permanent de la house et de la techno et, évidemment, l'invité de toutes les closings (ou presque) que ce soit de Nuits sonores ou d'autres événements spéciaux organisés par Arty Farty : Laurent Garnier.

Le Sucre ©Gaëtan Clément

Le pass festival est à 95 €, et les prix à la soirée varient entre 10 et 45 €. Les billets sont éligibles au pass culture, et les abonnés du "Sucre max" peuvent bénéficier de coupe-files, de réductions et d'accès gratuits.

Il n'est pas toujours évident d'organiser un festival en période hivernale ; en témoigne l'édition du Wintower 2023. Ce qui devait être le pendant hivernal du Woodstower avait enregistré 150 000 euros de perte, faute de public. Chaque événement est différent, mais force est de constater qu'il est plus difficile d'organiser un événement culturel d'envergure lorsqu'il fait froid et que les fêtes approchent. « Je ne vois pas forcément cela comme une prise de risque », a témoigné Pierre Zeimet, le Sucre est ouvert été comme hiver, et rencontre son public toute l'année. On a aussi besoin de se retrouver autour d'autres événements que dans les fêtes de famille durant cette période. »

Le festival du Sucre
Du 10 au 14 décembre 2025 dans le quartier Confluence (Lyon 2e) ; prix variables