Woodstower en quête de repreneur après son placement en redressement judiciaire
Procédure judiciaire / En redressement judiciaire depuis le 9 septembre, le festival lyonnais a jusqu'au 3 octobre pour trouver un repreneur, avant une nouvelle audience au tribunal le 9 décembre. Une bouteille à la mer lancée par ses dirigeants, qui espèrent sauver un événement devenu repère dans le paysage culturel.

Photo : Conférence de presse Woodstower vendredi 12 septembre 2025 © CD/LePetitBulletin
Le tribunal judiciaire de Lyon a ouvert le 9 septembre une procédure de redressement judiciaire pour le festival Woodstower. L'association porteuse du projet, déficitaire à hauteur de 200 000 euros cette année, doit désormais séduire un repreneur d'ici au 3 octobre, date limite fixée pour le dépôt d'offres. Une nouvelle audience se tiendra le 9 décembre pour examiner les propositions.
Cette décision s'inscrit dans la continuité d'une procédure de sauvegarde ouverte en 2024. Celle-ci avait permis de geler les créances et d'offrir un an de répit afin de diversifier les activités et présenter des résultats viables. Malgré quelques réussites - comme six concerts produits dans la région, générant 640 000 euros de chiffre d'affaires et 14 000 billets vendus -, le festival n'a pas réussi à enrayer une dynamique déficitaire.
Une édition prometteuse mais insuffisante
Créé en 1997 et longtemps installé au Grand Parc de Miribel-Jonage, Woodstower avait fait le choix d'un nouveau départ cette année en migrant vers le Parc de Gerland. Du 17 au 20 juillet, la 26ᵉ édition a accueilli environ de 23 000 spectateurs, soit davantage qu'en 2024 où seuls 20 000 festivaliers s'étaient déplacés. Mais la jauge espérée n'a pas été atteinte, et l'équilibre financier non plus : il a manqué environ 4 000 billets pour combler le budget de 1, 7 million d'euros.
« Organisationnellement, tout s'est très bien passé », a souligné Maxime Noly, directeur du festival, qui estime que le public a répondu malgré tout présent et que la relocalisation et la nouvelle direction artistique - avec moins de rap, plus ouverte à d'autres esthétiques - sont des signes encourageants. Mais la météo a annulé la partie gratuite prévue en plein air, amputant la fréquentation et générant une perte de 30 000 euros. « Économiquement, les résultats n'ont pas suffi, mais artistiquement et du point de vue du public, cette édition était prometteuse », a-t-il insisté.
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Une structure fragile malgré son ancrage
Woodstower a déjà connu de graves secousses. En 2023, de fortes intempéries et une affluence en berne avaient creusé un déficit de 350 000 euros, contraignant les organisateurs à renoncer à Wintower, le volet hivernal organisé en février 2023 aux Halles Tony Garnier. L'année suivante, le festival n'avait réuni que 20 000 festivaliers, pour un déficit abyssal de 600 000 euros.
Malgré tout, l'équipe revendique un festival « qui a sa place » à Lyon. L'objectif est de préserver les emplois (7 permanents, 150 salariés temporaires et plus de 250 prestataires), et de maintenir une édition à Gerland. « Nous ne cherchons pas n'importe quel acteur, mais un partenaire culturel ou économique qui partage nos valeurs », a résumé Quentin Thomé, président de l'association Woodstower organisatrice de l'événement. Les collectivités, déjà sollicitées, ont décliné. Le salut pourrait venir d'autres types d'investisseurs, dans un calendrier extrêmement serré.