À Vénissieux, la future Cité des arts du cirque obtient le label national

Publié Vendredi 17 octobre 2025

Labellisation / Annoncée ce vendredi par Rachida Dati lors de son déplacement dans le Rhône, la labellisation "pôle national cirque" de la future Cité internationale des arts du cirque à Vénissieux marque une étape importante pour ce projet porté par la compagnie MPTA, le festival UtoPistes et l'École de cirque de Lyon. Derrière ce label, c'est la reconnaissance d'une structuration du secteur, mais aussi des attentes fortes autour d'un projet encore en gestation.

Photo : Rachida Dati était en visite aujourd'hui à l'école de Cirque de Lyon © Utopiste - Cité Internationale des Arts du Cirque

Créé en 2010, le label "pôle national cirque" distingue les structures capables de rassembler dans un même lieu des activités de création, de formation, de diffusion et de recherche autour des arts du cirque contemporain. Il vise à donner une visibilité nationale à des projets structurants, tout en assurant un soutien financier.

Jusqu'à présent, quatorze structures bénéficiaient de ce label en France, parmi lesquelles CIRCa en Occitanie ou le Sirque à Nexon. Avec la Cité internationale des arts du cirque, Vénissieux devient donc le quinzième pôle labellisé. Une reconnaissance qui engage les partenaires publics - État, Région, Métropole - à accompagner le projet sur le long terme, en contrepartie d'objectifs précis. 

Un projet encore à construire

La future Cité des arts du cirque doit voir le jour à l'horizon 2028-2029, dans le quartier de Parilly. Elle réunira sur un même site la compagnie MPTA de Mathurin Bolze, le festival UtoPistes et l'École de cirque de Lyon, aujourd'hui dispersés sur plusieurs lieux.

Le projet prévoit environ 10 000 m² d'équipements : chapiteaux, studios de répétition, ateliers techniques, espaces de formation et logements pour artistes. L'ambition est de créer un lieu permanent où les circassiens puissent concevoir, s'entraîner et présenter leurs œuvres dans des conditions professionnelles.

À lire aussi dans Le Petit Bulletin :
- La Cité Internationale des Arts du Cirque devrait voir le jour à Vénissieux
Toutefois, estimé à 15 millions d'euros au total, le calendrier du chantier reste à préciser, tout comme la répartition des financements. La Métropole de Lyon a annoncé un soutien de plusieurs millions d'euros, mais les contributions exactes de l'État et des collectivités restent à consolider. Le projet dépendra donc autant de l'appui politique que de la capacité des acteurs locaux à tenir ensemble sur la durée.

Un symbole pour le cirque, pas une garantie

La labellisation apporte une légitimité nationale à un projet qui cherche encore son équilibre. Pour les artistes, elle représente la possibilité d'un outil de travail partagé, capable de pallier le manque d'espaces dédiés au cirque contemporain dans la région. Mais elle ne garantit ni la stabilité financière du secteur, ni la résolution des difficultés structurelles qui l'affectent : précarité des compagnies, saisonnalité de l'emploi, faiblesse des moyens de diffusion.

La labellisation crée des attentes fortes en matière de moyens, d'ambition artistique et d'accès du public et a montré ses limites ailleurs : certaines structures labellisées peinent à maintenir leur niveau d'activité faute de moyens suffisants. Son efficacité dépend donc moins du statut que des ressources concrètes qui l'accompagnent, en témoigne la situation de pôle national cirque La Brèche en Normandie. Menacé de fermeture et en difficulté financière depuis la rentrée 2024, qui a en septembre dernier a bénéficié de l'accompagnement exceptionnel de la Ville de Cherbourg de 10 000 €. Même son de cloche au Carré magique, à Lannion dans les Côtes d'Armor, qui enregistre un déficit de 148 000 € pour la saison 2024. Ce déséquilibre financier s'explique notamment par la hausse du coût de l'énergie, ainsi que par une dernière édition du festival de cirque Gare au gorille, dont les dépenses ont largement dépassé les recettes.