Festival Film Court, le vent se lève
Festival / Le Festival du film court de Villeurbanne fête ses quarante-cinq ans d'existence avec une édition engagée, célébrant à la fois les talents régionaux et l'ouverture au monde.
Photo : Malina © les films norfolks
Dans une période où la culture se libéralise dangereusement et où l'art est trop souvent soumis aux logiques de rentabilité, célébrer le court-métrage relève de l'acte politique fort. Dégagé de certains impératifs du long, il reste un formidable terrain d'expérimentations et un espace de résistance face aux formats standardisés. Il demeure à la fois un vivier ouvert aux nouveaux talents et un moyen d'expression à part entière pour des artistes attachés à sa forme.
Le Festival du film court de Villeurbanne, véritable institution locale depuis bientôt un demi-siècle, poursuit couramment cette vocation. À travers ses compétitions et ses sélections thématiques, cette 46e édition met en lumière les luttes et les engagements qui résonnent avec notre époque.
La guerre est finie
La soirée d'ouverture du 11 novembre, intitulée Du court au long, mettra à l'honneur le travail d'Anton Balekdjian, réalisateur des Vilains petits canards. Il viendra présenter son long-métrage Laurent dans le vent, cosigné avec ses camarades de la CinéFabrique, Léo Couture et Mattéo Eustachon, qui participeront également à une rencontre au Pôle Pixel.
L'ancrage régional cher au festival sera célébré lors de la clôture, avec la projection de La Petite graine de Mathias et Colas Rifkiss, eux aussi issus de la CinéFabrique. Les deux frères participeront par ailleurs à une masterclass destinée aux élèves du lycée Brossolette, le 14 novembre. Cet attachement n'empêche pas le festival de s'ouvrir aux enjeux du monde. En témoigne la projection de Hidden du cinéaste iranien "palmé" pour Un Simple accident, Jafar Panahi. Le focus Palestine, organisé le 15 novembre, proposera une sélection de courts-métrages donnant voix et visibilité aux victimes de la guerre, tandis que l'événement Femme, vie, liberté, le 13 novembre, poursuivra ce même élan de mise en lumière des trajectoires peu valorisées.
Une affaire de goût
Cette édition 2025, qui sera l'occasion de fêter le centenaire du bâtiment abritant le Zola, verra 39 films en compétition "live". Parmi eux, notons quelques favoris, dont Malina de et avec la Serbe Ana Blagojević, une comédie noire puissante et dérangeante derrière l'apparente amabilité de son esthétique détournant le film de mariage. Le percutant L'œil noir de la photographe Yohanne Lamoulère observe avec amour des individualités marginalisées des quartiers populaires marseillais. En compétition animation, notre cœur bat pour Como si la tierra se las hubiera tragado de Natalia León. La réalisatrice mexicaine aborde la tragique disparition de femmes à travers le prisme des souvenirs d'enfance de sa protagoniste, d'où surgissent des couleurs salvatrices au sein d'une histoire à la noirceur déchirante. Mention spéciale enfin pour Sous ma fenêtre, la boue de Violette Delvoye, récit d'une crise d'adolescence faussement banale, empreint de justesse et de fureur de vivre.
Du 11 au 16 novembre 2025 au cinéma Le Zola (Villeurbanne) ; de 5 à 8, 50 €

