Jeudi 21 septembre 2023 À voir
★★★☆☆Les Feuilles mortes
Dans la nuit d’Helsinki, le hasard fait se croiser Ansa et Holappa, deux célibataires (...)
Les films de la rentrée : comme une faim de 2017
Par Vincent Raymond
Publié Mercredi 30 août 2017 - 7996 lectures
Photo : © Les Compagnons du Cinéma
Le Redoutable
De Michel Hazanavicius (Fr, 1h47) avec Louis Garrel, Stacy Martin...
14 pépites pour appétits cinéphiles / Bien sûr, on en oublie. Mais il y a fort à parier que ces quatorze films constituent des pierres de touche de la fin 2017. En attendant (entre autres), Joachim Trier, Depardon et Kathryn Bigelow, bon appétit !
Mother! de Darren Aronofsky
Initialement programmée pour novembre, la sortie du nouveau Aronofsky a été avancée pour cause de sélection vénitienne et c’est, à bien des égards, une excellente nouvelle. Déjà victorieux sur la Lagune avec The Wrestler en 2008, l’auteur de Requiem for a dream et de Black Swan convoque ici du lourd — Jennifer Lawrence, Javier Bardem, Michelle - toujours active - Pfeiffer, Ed Harris — pour ce qui s’annonce comme un bon vieux thriller des familles, mâtiné de fantastique dérangeant. La double affiche préventive, offrande de style sulpicien revisité grand-guignol, tient de la promesse merveilleuse ; il faudra cependant patienter jusqu’à la clôture d’une très alléchante Mostra — le festival qui, désormais, donne avec Toronto le tempo des Oscar — pour savoir si ce mystérieux flacon recèle l’ivresse escomptée.
Le 13 septembre
Le Redoutable de Michel Hazanavicius
Portrait chinois de Godard, au moment où il se défait de ce qui lui reste de fantaisie et commence à se prendre sérieusement au sérieux, Le Redoutable est adapté du récit autobiographique Un an après d’Anne Wiazemsky. En savant théoricien-praticien de l’art du détournement, Hazanavicius en a extrait une substance cinématographique purement godardienne, faite de références intellectuelles, de calembours à tiroirs, de ruptures narratives et stylistiques, qui dépeint sans déférence ni cruauté le JLG égaré de 1967 (à son époque Mao-moi), à la fois fragile et tyrannique, jouée sans afféterie (mais avec chevrotement et cheveu sur la langue obligatoires) par Louis Garrel.
Le 13 septembre
Faute d’amour de Andrey Zvyagintsev
Il est des films qui vous marquent à vie par la grâce d’un seul plan. Chronique d’un déchirement familial, Faute d’amour est de ceux-là. Andrey Zvyagintsev nous y montre le cri muet d’un enfant qui, témoin invisible d’une dispute de ses parents, apprend que ceux-ci se moquent de lui comme d’une guigne ; les conséquences seront dramatiques. Attendez-vous à une claque cuisante… comme toujours avec Zvyagintsev.
Le 20 septembre
Le Sens de la fête de Éric Toledano & Olivier Nakache
Cette comédie douce-amère se déroulant dans les coulisses d’une noce est taillée sur mesure pour Jean-Pierre Bacri, interprétant un organisateur de mariages au bout du rouleau et entouré par un cortège de bras cassés, de parasites et d’imprévus. Le droopyssime comédien a mis la main à la pièce montée scénaristique des Nakache & Toledano, permettant des relances quand le soufflé tend à retomber. Notons enfin une très intéressante distribution, au bon goût œcuménique, puisqu’elle réunit toutes les “familles” du cinéma francophone, de Vincent Macaigne à Kevin Azaïs, de Benjamin Lavernhe à Judith Chemla, d’Antoine Chappey à Suzanne Clément en passant par une kyrielle de nouveaux venus.
Le 4 octobre
Téhéran Tabou de Ali Soozandeh
Un titre au singulier, pour un film qui ne l’est pas moins — il est tourné en rotoscopie, comme A scanner darkly — et qui recouvre ce pluriel d’interdits officiels pesant sur la société iranienne. Mais entre l’officiel et la sphère privée, il y a un monde que certains soi-disant gardiens de la morale franchissent avec une élasticité de conscience confondante (à moins qu’il ne s’agisse d’hypocrisie). Chronique de la vie de trois femmes et d’un musicien tentant d’échapper à un quotidien anxiogène, Téhéran Tabou est une photographie sur fond sombre émaillée, grâce la forme choisie, de quelques instants de grâce visuelle.
Le 4 octobre
La Passion Van Gogh de Dorota Kobiela & Hugh Welchman
Espéré depuis des années, ce film d’animation hors norme a été peint à la main dans le style de Van Gogh — ce qui est assez logique puisqu’il est lié à l’histoire du malheureux artiste. Une manière audacieuse de revisiter l’œuvre tourmentée du peintre, qui a déjà conquis le public du festival d’Annecy : il lui a remis son prix.
Le 11 octobre
The Square de Ruben Östlund
Lauréat surprise sur la Croisette, le réalisateur suédois s’était fait connaître en montrant la couardise et l’égoïsme d’un homme lors d’une avalanche, puis les conséquences sur sa famille dans Snow Therapy (2014). Voici qu’il s’attaque au monde de l’art contemporain, et en particulier aux contradictions intimes de ceux qui font profession de le transmettre au public. Ironie du sort, la Palme d’Or sort pendant la Biennale d’Art Contemporain et le Festival Lumière…
Le 18 octobre
Zombillénium d’Arthur de Pins
Le réalisateur de La Révolution des crabes passe enfin au long-métrage avec l’adaptation (réussie) de sa série BD la plus célèbre : l’histoire d’un parc d’attractions dirigé par des morts-vivants, mais menacé de fermeture ou de reconversion sauvage à cause de la jalousie d’un vampire (et de la cupidité du diable, l’actionnaire majoritaire). Aussi original dans le ton que vif et fluide dans l’animation, rythmé par une B.O. de Mat Bastard, ce film distribué par Gebeka (comme Ma vie de Courgette l’an dernier) mérite d’être le succès monstre d’Halloween.
Le 18 octobre
La Belle et la Meute de Kaouther Ben Hania
La cinéaste révélée par le documenteur incisif Le Challat de Tunis (2015) poursuit dans la même veine tranchante, dénonçant le sort réservé aux femmes en Tunisie. Racontant ici l’histoire d’une étudiante violée par des policiers, elle adopte une forme de narration aussi audacieuse qu’intelligente : de longs plans-séquences, chacun figurant les interminables étapes d’un calvaire intime aggravé par des mentalités étriquées et une barbarie administrative qui rappellent par instants l’excellent I am not Madame Bovary de Feng Xiaogang. Glaçant et maîtrisé.
Le 18 octobre
Au revoir là-haut d’Albert Dupontel
On est prêt à miser gros sur le 7e long-métrage de Dupontel-réalisateur — sa première adaptation : il transpose l’extraordinaire roman homonyme de Pierre Lemaitre (Goncourt 2013) débutant dans l’enfer suffoquant des tranchées de 1918 et se poursuivant par une escroquerie aussi macabre que rocambolesque durant les Années folles, avec supplément de gueules cassées. Au générique, outre le cinéaste-interprète, sont notamment attendus Laurent Lafitte et Nahuel Perez Biscayart, dont c’est l’année puisqu’il est aussi, rappelons-le, la tête d’affiche de 120 battements par minute.
Le 25 octobre
Coco de Lee Unkrich & Adrian Molina
Pari osé pour Pixar : un film d’animation à la tonalité burtonienne se déroulant au Pays des Morts — mais version musicale et mexicaine. On y suivra les aventures d’un jeune guitariste victime d’un sortilège, à la recherche d’une idole et d’un secret familial. À la réalisation, un vieux routier de la maison de Luxo Jr. qui aligne déjà Monstres & Cie, Le Monde de Nemo mais aussi Toys Story 2 & 3 à son compteur. Pour faire oublier les dinosaures ?
Le 29 novembre
Les Gardiennes de Xavier Beauvois
Les films en costumes ou avec Nathalie Baye portent chance à Xavier Beauvois. Il combine les deux en dirigeant à nouveau la comédienne, mais aussi sa fille Laura Smet dans un drame paysan se déroulant sur fond de Grande Guerre.
Le 6 décembre
Star Wars - Les Derniers Jedi de Rian Johnson
Bon, vous avez compris l’astuce ? Désormais, à chaque Noël, il faut compter sur un épisode de la franchise. Soit un spin-off comme l’an dernier — le très bon Rogue One, qui était en réalité l’épisode 3, 5 — ou sa suite l’année prochaine ; soit un nouvel épisode dans la saga. Pour décembre, ce sera le numéro VIII, avec le retour Luke-in-ze-hood-Skywalker, la réponse à plein de questions en suspens, et de nouvelles interrogations pour les fans.
Le 13 décembre
Le Crime de l’Orient-Express de & avec Kenneth Branagh
Sydney Lumet avait placé la barre très haut avec sa prodigieuse adaptation du whodunit d’Agatha Christie (1974), Branagh s’y risque avec une distribution aussi riche en sommités shakespeariennes et stars hollywoodiennes que son aîné. Mais la majeure différence réside dans le fait que le cinéaste campe lui-même Hercule Poirot. Pour se mettre en train en fin d’année.
Le 13 décembre
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