De Chris Sanders (É.-U., 1h40) avec Harrison Ford, Omar Sy, Dan Stevens...
La destinée de Buck, bon gros chien arraché à sa famille du sud des États-Unis pour être revendu au Yukon en pleine fièvre de l'or ; son parcours de maître en maître et son éveil à son instinct primitif, jusqu'à ce que le loup en lui parvienne enfin à s'exprimer à nouveaux...
À l'instar de Joseph Conrad, Jack London “vécut“ avant d'écrire (même s'il sut marier les deux de concert) et donc écrivit sur l'aventure en connaissance de cause. Ce n'est sans doute pas un hasard si ses romans d'apprentissage rencontrent encore aujourd'hui un succès inentamé par-delà les générations et au-delà des transpositions — en témoigne la récente variation sur Martin Eden signée par Pietro Marcello. Plus remarquable encore est le fait que le roman d'apprentissage d'un non-humain, un chien, touche autant nos congénères ; d'autant qu'à rebours de son époque exaltant l'industrialisation triomphante, London y exaltait des valeurs quasi rousseauistes de retour à la nature ! Par un des étranges renversements auxquels l'Histoire nous a habitués, les notions de recherche ou de préservation de l'étincelle de sauvagerie innée sont au cœur des préoccupations contemporaines : à l'asservissement et la standardisation urbaine jadis célébrés, on préfère désormais l'authentique et la nature. L'Appel de la forêt résonne donc pleinement en 2020.
Le choix d'utiliser un Buck de synthèse en lieu et place d'un toutou de chair et d'os contredit toutefois le propos ; ce mastif numérique heurte surtout l'œil dans les premières minutes. Si la technique peut contrefaire de façon confondante tout un environnement animalier (bestiaire et savane incluse) comme on l'a vu dans Le Roi Lion, l'incorporation crédible d'éléments “artificiels“ souffre encore de ratées — ce n'est sans doute pas plus mal. Pour le reste, il s'agit d'un film d'aventures à l'ancienne, avec maisons en rondins, harmonica, feu de bois, bagarre au saloon. Yee-ha !