Humour x Mentalisme / Mentaliste et YouTubeur incontournable, Fabien Olicard aime surprendre, apprendre et expliquer quelques clés de la puissance possédé par notre cerveau, le tout avec humour. Pour son passage au festival des Arts burlesques, nous avons échangé sur cette discipline et sur son spectacle.
Tu passes dans un festival d'humour, donc même si tu es mentaliste, tu as un spectacle basé sur le rire ?
Oui, c'est ça. Le fond du spectacle se base sur le mentalisme mais oui c'est bien un spectacle d'humour. C'est bien de le préciser, car c'est finalement notre plus grand combat en communication de rappeler que c'est un spectacle d'humour avant tout.
Pourquoi il n'existe pas de définition claire du mot mentalisme. La série Mentalist a démocratisé le mot, mais beaucoup ne savent pas ce que c'est exactement...
C'est un bon résumé de la situation. C'est utilisé comme un « mot-valise ». La véritable définition du mentalisme se poserait en opposition au matérialisme. Cela dit beaucoup et pas grand-chose en même temps... Du coup, comme ce n'est pas une spécialisation mais une généralisation de plein de choses, il ne peut y avoir par essence de définition claire de ce mot. On peut avoir un comportementaliste qui ne travaille que sur le comportement des gens, un hypnotiseur ou hypnothérapeute, un mnémoniste qui travaille sur la mémoire... mais ces personnes-là se spécialisent au point qu'il va y avoir des études associées à leur activité. Tandis que le mentalisme, c'est s'intéresser à tout ce qui touche au cerveau, au global. Dans les sciences, dans l'illusionnisme, voire même dans les pseudo-sciences, il n'y a pas de limite à ça.
Dans une interview, tu parlais de l'eidétique, qui est une de tes caractéristiques. Qu'est-ce que c'est ?
C'est une mémoire quasi photographique. C'est-à-dire que lorsque je regarde quelque chose, je cherche à le mémoriser. Quand je prononce ton prénom, je vois directement les lettres apparaître dans ma tête. Cela ne signifie pas que je n'oublie pas les choses, mais que si je veux les retenir et qu'elles sont visuelles, j'ai une petite aide. Cela dit, si je ne les révise pas, je ne les retiens pas. Je suis comme tout le monde... Quand j'ai découvert l'eidétique, ça a été un peu le point de départ de mon intérêt sur le cerveau. J'ai travaillé ma mémoire et voilà.
Quotidiennement, comment tu t'entraînes ?
Je vais tuer une légende, je ne m'entraîne pas ou peu. En fait, je pratique tellement que ce soit par les vidéos, par les spectacles, par les conférences... je suis toujours en activité. Sinon, ce que je fais quotidiennement, c'est que je lis beaucoup de textes sur le mentalisme. Je suis en permanence en train de me mettre à jour de l'avancée. Comme le mentalisme pioche dans la science, et que cette dernière avance sans cesse et se contredit, il est important de suivre. Sinon, on peut vite être dépassé.
Dans ton spectacle, tu permets au spectateur de se rendre compte de capacités qu'ils possèdent sans le savoir.
La pédagogie est dans mon ADN. Le spectacle est conçu comme un one-man show pendant lequel on s'amuse et on joue tous ensemble. Le propre des mammifères est d'apprendre par le jeu, par l'émotion positive, le rire, la joie... Il n'y a donc rien de mieux pour apprendre qu'un spectacle d'humour. Assez rapidement, je leur démontre que je suis capable de faire des choses et je leur donne ma définition du mentalisme, c'est un peu ça le sujet du spectacle. Au fur et à mesure, après avoir bluffé les gens, je les amène à se bluffer eux-mêmes. À un moment donné, je leur démontre qu'ils ont une super mémoire, à travers le fait qu'ils ont, sans le savoir, retenu les 20 premières décimales du nombre PI. Tout cela malgré eux, puisque tu ne vas pas dans un spectacle d'humour pour retenir ce type d'infos. Cela démontre que c'est simplement une méthodologie et non pas une surcapacité.
Arrives-tu encore à être surpris par les spectateurs ?
Le spectacle est très interactif, forcément mais de par la mise en scène et le texte, les variations sont de l'ordre de 10 à 15% et pas vraiment davantage. Sinon cela devient un show d'impro... Mais chaque soir, je vis un moment unique et je suis souvent surpris par des réactions individuelles ou même de toute la salle. Je ne peux pas me lasser d'être sur scène, au contact des spectateurs. Il y a beaucoup de bienveillance.
Tu t'intéressais au cognitif et au cerveau étant jeune, mais comment en es-tu arrivé au spectacle et à la scène ?
C'est une des meilleures questions que l'on m'ait posée sous cette forme-là. Donc bravo, déjà ! En réalité, on me dit souvent « tu as voulu faire de la scène ton métier ». C'est assez faux en fait, car on a tous des passions dans la vie et ce n'est pas parce que tu veux faire des maquettes que tu veux en faire ton métier par exemple. Dans ma vie, j'ai d'abord voulu monter sur scène pour faire rire les gens. Quand j'ai commencé à faire cela, je me suis demandé de quoi j'allais bien pouvoir parler et je suis allé vers la facilité finalement, en parlant de ce qui me passionne et que je connais le plus. C'est comme ça que j'en suis venu à mélanger mentalisme et humour sur scène. Je me suis alors rendu compte que les gens aimaient ça et étaient friand de ce type de proposition. J'ai continué ainsi...
Fabien Olicard, mardi 3 mars à 21h au Centre des Congrès