Shinobi

Mercredi 23 mai 2007

de Ten Shimoyama (Japon, 1h45) avec Yukie Nakama, Jô Odagiri...

C'est non sans une certaine appréhension que l'on se lançait dans le visionnage du nouveau film de Ten Shimoyama. Avec St John's Wort, il nous avait concocté une adaptation cheap, clippée et filtrée à outrance de Silent Hill - un film qui condensait ce que le cinéma d'exploitation nippon peut produire de pire dans le genre gratuitement tape à l'œil. Ici, il s'attaque à un gros morceau de la littérature japonaise, une nouvelle fois sous influence, mais avec une relative pondération visuelle. Au XVIIe siècle, un seigneur, indécis quant à sa succession, ravive une guerre entre deux clans rivaux. Leurs cinq meilleurs guerriers (les shinobis) s'affrontent, tandis qu'une histoire d'amour impossible tente d'éclore au milieu de ces sanglantes batailles. Dans le genre très restreint (tu m'étonnes) du mélodrame à la sauce shakespearienne avec des ninjas mutants, Ten Shimoyama s'acquitte d'une œuvre efficace dans ses scènes d'action, mais un peu trop contemplative pour être honnête. Le ton est posé dès la scène d'intro où les deux amants secrets s'enlacent dans la lande austère. Le réalisateur et ses acteurs ne reculeront jamais face aux sirènes d'un mélo à l'ancienne, tout en non-dits, en regards furtifs et en dialogues sibyllins horripilants, à base de "le destin... on ne peut pas changer le destin". Les climax, dispensés avec une précieuse parcimonie, lorgnent du côté de la trilogie fluo de Zhang Yimou, en nettement plus cinématographique toutefois - Shimoyama parvient un minimum à truffer ses joutes d'enjeux narratifs au lieu de s'occuper de la couleur des feuilles mortes. Dans ce déséquilibre malheureusement caractéristique des œuvres japonaises contemporaines destinées au plus large public, Shinobi demande une adhésion totale de son spectateur pour faire passer sa naïveté rédhibitoire pour de l'exaltation héroïque. FC