Jesus camp
de Rachel Grady et Heidi Ewing (ÉU, 1h24) documentaire
Le film d'horreur de la semaine est un docu. Une immersion chez les évangélistes américains hardcore, dans un camp dont le but est de radicaliser la foi des plus jeunes. Bon, autant le préciser par souci d'honnêteté : le taux d'angoisse distillé par le film dépend de votre sensibilité et de votre foi. Les deux réalisatrices ont pris le parti de laisser les images parler d'elles-mêmes, de retranscrire les propos des intervenants sans les détourner. Cependant, le focus insistant sur l'animatrice du camp (la terrifiante Becky Fischer, persuadée que les scientifiques et Harry Potter sont les enfants du Malin) permet de discerner la raison d'être du film. Via le portrait de cette véritable folle de Dieu, qui ne voit pas pourquoi ces enfants ne seraient pas à tuer pour la Bible alors que d'autres tuent au nom de l'Islam, Jesus camp est une saine démonstration par l'absurde des errances religieuses contemporaines. Entendons-nous bien, l'ambiance n'est pas à la dénonciation des principes de la chrétienté, mais bien de leurs détournements fondamentalistes, dans une relecture des Écritures qui se transforme en haine de l'Autre («Il y a deux types de personnes dans le monde : ceux qui croient en Jésus et ceux qui n'y croient pas»). Le pire, c'est que bon nombre de spectateurs trouvent que le film est une superbe ode à la foi... FC