Dans les cordes

Mercredi 11 avril 2007

de Magaly Richard-Serrano (Fr, 1h30) avec Richard Anconina, Maria de Medeiros, Louise Szpindel...

Une loi cinématographique non écrite dit : «Le film de boxe, tu ne rateras point». Et c'est vrai qu'en dehors de ses exploitations purement commerciales (dernière en date : Scorpion), la boxe est un noble art qui débouche souvent sur de nobles films. Ainsi de Dans les cordes qui, même bourré de défauts et un peu desservi par une réalisation hésitante, s'avère hautement respectable et par moments très inspiré. On laissera de côté les imbroglios familiaux qui lui servent parfois de roue de secours scénaristique (et le jeu appuyé de Maria de Medeiros, pourtant grande actrice, dans le rôle de la mère) pour aller à ce qui séduit vraiment dans le film : le portrait d'une poignée de personnages très working class heroes qui se battent pour rester dignes. Le père fatigué (Anconina, dont la gueule cassée suffit aujourd'hui à en faire un sacré comédien) qui réinvestit dans ses filles sa fierté ébréchée à coups de factures impayées, d'infidélités conjugales et de galères sportives. La «nièce» (Stéphanie Sokolinski), bout de banlieue les nerfs à vif qui franchit la frontière dangereuse entre orgueil et envie de gagner. Et surtout la fille (magnifique Louise Szpindel) qui combat sur un ring non pas pour la victoire, mais pour garder la face et prouver au monde qu'elle existe. Tout cela est crédibilisé par une description très juste d'un milieu, le nouveau prolétariat de banlieue, qu'on n'avait jamais vu si éloigné des clichés qu'on pose d'ordinaire sur lui. Pas de démagogie ici, ni dans la vision d'une France d'en bas qui croit encore en la solidarité, ni dans la morale humaniste qui sous-tend le film, mais un regard simple et sincère, chose rare et vraiment louable dans le cinéma d'aujourd'hui.CC