Collection publique

Mercredi 11 avril 2007

Heureuse initiative qui prend de l'ampleur, la Ciné-collection propose chaque mois un film du répertoire à redécouvrir dans les salles indépendantes de l'agglomération. En avril, l'excellent Outsiders de Coppola.CC

On ne le dira jamais assez, et surtout en période de disette dans l'actualité ciné : il vaut parfois mieux mettre 8 euros dans un «vieux» film que dans une daubasse médiatisée et oubliée trois heures après en vomissant ses pop-corn. En marge de l'activité régulière de l'Institut Lumière et de quelques reprises se frayant un chemin dans les salles «traditionnelles», le GRAC (vaste réseau de salles indépendantes de la périphérie lyonnaise, mais comprenant aussi le Comœdia) propose un cycle intitulé Ciné-Collection. Chaque mois un film du patrimoine, même récent (exemple à venir), se voit offrir un petit tour des écrans avec débat à la clé entre un cinéphile et les spectateurs présents. Aujourd'hui, 11 cinémas participent à l'opération, et le choix des films s'avère particulièrement ouvert sur le cinéma populaire d'hier : West side story, Le Bal des vampires, À nos amours les mois précédents, Soleil Vert et La Party pour la suite de la saison... On est loin d'un cinéma d'auteur pur et dur, même si chaque film affirme la patte de cinéastes majeurs (Pialat, Edwards, Polanski) ou plus modestes (Wise, Fleischer...).Les petits parrainsEn avril, le film élu correspond d'ailleurs parfaitement à ce grand écart-là : Outsiders, tourné en 1983 par Coppola lors de sa mini traversée du désert consécutive à l'échec commercial de son avant-gardiste Coup de cœur, est clairement une commande réalisée pour éponger ses dettes. Dans le cœur des fans du cinéaste, il est même inférieur à Rusty James, plus gonflé et novateur dans ses choix formels, qu'il enchaînera dans la foulée avec une partie du casting. Outsiders est à ranger dans l'histoire du cinéma américain des années 80 aux côtés de St Elmo's fire ou Breakfast club, ces films avec un casting presque exclusivement adolescent et qui contribuèrent à révéler une génération d'acteurs dont certains feront ensuite un sacré parcours : Tom Cruise, Matt Dillon, Rob Lowe, Ralph Macchio (le karaté kid !) ou Patrick Swayze. On appelait ça à l'époque le «brat-pack» en référence au «rat-pack» des années 60 réunissant Dean Martin, Franck Sinatra, Samy Davis Jr... Mais là où les autres teen movies choisissaient la voie de la comédie douce-amère, Coppola y préfère un conte cruel sur la jeunesse gâchée par de puériles luttes de clans. On peut y voir un clin d'œil amusé au Parrain, mais ce qui marque surtout dans Outsiders, c'est l'ambiance mélancolique qui baigne cette tragédie. Antidatée dans les années 60, Coppola raconte l'histoire comme une réminiscence vaporeuse d'un monde disparu, celle de l'époque évoquée mais aussi celle de la propre jeunesse du cinéaste. Sa fille Sofia, qui joue un petit rôle dans le film, s'en souviendra quand elle mettra en scène son beau Virgin Suicides...OutsidersDans le cadre de Ciné CollectionDu 11 au 29 avril dans les salles du GRAC (www.grac.asso.fr)