Après avoir enfilé au glam-rock ses plus belles épaulettes et ses plus fins lamés au temps de Roxy Music et tourné à fond le volume de la FM une décennie plus tard (l'inénarrable Slave to Love sur la BO de... Neuf semaines et demi), Bryan Ferry a viré vieux beau beaucoup trop jeune. Confit dans une retraite dorée essentiellement faite de costards sur mesure et de best-of mal coupés, il s'occupe en reprenant ses pairs, comme sur As Time goes by (1999), florilège de standards chics et tocs à la In the Mood for Love. Sur Frantic (2002), il reprenait déjà deux fois du Dylan, dont un Don't think twice it's allright crooné comme à la parade, un chamallow dans chaque joue. Cette fois c'est à une douzaine de scies dylanesques que s'attaque Ferry. Entre tubes planétaires (Knockin' on Heavens door, qui, on l'a vu avec Axl Rose et Avril Lavigne, serait quand même digne dans la bouche d'un phacochère) et chefs-d'œuvre plus discrets (Simple twist of Fate), le dandy oscille entre les rythmiques salaces de Roxy Music et une country-soul de diner autoroutier : Just like Tom Thumb's blues, et All along the Watchtower, à l'usage des truckers et des patrolmen. Comme les meilleurs Springsteen et les pires Dire Straits, Dylanesque est le disque idéal pour tailler la route. Au bout du voyage, Ferry parvient à établir une connexion évidente entre deux timbres aussi antinomiques qu'inimitables : le sien, tout en trémolos old-school et génuflexions aristocratiques, celui de Dylan, aride et sinusal. En un mot : Bryanesque. SD