Le Direktør

Mercredi 7 mars 2007

de Lars Von Trier (Danemark, 1h40) avec Jens Albinus, Peter Gantzler...

À quoi joue Lars Von Trier ? En plein milieu de sa formidable trilogie américaine, il tourne ce qu'il qualifie de «petite comédie» et expérimente une nouvelle manière de filmer : la caméra cadre l'action de manière aléatoire, le montage en rajoute en provoquant d'incessants faux raccords lumière... Le résultat laisse perplexe : autant le dogme apportait quelque chose de neuf, autant «l'automavision» ressemble à une démission pure et simple. À tel point que Von Trier a besoin d'intervenir entre chaque acte pour s'adresser au spectateur et commenter les intentions du film. Mais ces interludes sont surtout l'occasion de régler ses comptes avec la critique qui lui reproche son idéologie... Pas de bol, nous, c'est ce qu'on aime chez lui, plus que le VRP en concepts cinématographiques provocateur et mégalo ! Et le film ? Le titre est un hommage au Dictateur de Chaplin, dont il reprend l'argument : on engage un médiocre acteur pour jouer le rôle du PDG d'une société d'informatique qui va être vendue à une multinationale islandaise. Niveau comédie, Von Trier n'est pas Chaplin, et Le Direktør est loin de faire hurler de rire... Niveau propos, s'agit-il d'une satire du libéralisme comme nouvelle forme d'oppression, ou de la comédie du pouvoir auquel même le plus pathétique des ratés finit par prendre goût ? «Tout ça n'a pas d'importance», nous dit Von Trier. Dans ce cas-là...CC