Entre adultes
de Stéphane Brizé (Fr, 1h20) avec Édith Mérieau, Vincent Dubois...
L'appréciation d'un tel film est impossible sans expliquer sa genèse. Alors qu'il ramait pour financer ce qui allait devenir son premier succès commercial (Je ne suis pas là pour être aimé), Stéphane Brizé accepte d'animer un stage avec 12 acteurs de théâtre qui, pour la première fois, se frottaient à une caméra. Il écrit en 10 jours un scénario, qu'il réalise et monte en DV en une grosse semaine. À l'aune de cette fabrication artisanale, Entre adultes ne démérite pas (il est même bien plus intéressant que certaines panouilles hexagonales avec des flics ou des pirates). Reprenant le principe de La Ronde d'Ophuls, il met en scène 12 instantanés de couples où A couche avec B qui aime C qui trompe D, etc. De toute évidence, Brizé s'impose comme un formidable directeur d'acteurs, tirant parti du peu de glamour de son casting en créant d'étonnants effets de vérités. En revanche, il est dommage qu'il limite les rapports hommes/femmes à une vision (assez noire) du rapport amoureux, sauf dans le meilleur passage du film : un glaçant entretien d'embauche qui vire au harcèlement sexuel. À cet instant, le naturel des comédiens, la dureté de la scène et la pauvreté de l'image rappellent un film excellent et trop peu vu : Bubble de Steven Soderbergh. Juste pour ça, Stéphane Brizé est vraiment un cinéaste à suivre...CC