7 ans
de Jean-Pascal Hattu (Fr, 1h26) avec Valérie Donzelli, Cyril Troley...
Ce qui intrigue dans ce premier film de Jean-Pascal Hattu, c'est à quel point il subvertit le canevas archi-classique du film d'auteur français par une simple torsion du pitch. On retrouve bien ici le trio mari-femme-amant, et la lente désagrégation qu'il entraîne au sein du couple de départ. Mais le mari est derrière les barreaux pour 7 ans, et l'amant n'est rien d'autre que le gardien de la prison. Le cinéaste pose cette donnée sans jamais tenir de discours politique ou sociétal sur la question, car c'est bien le portrait de cette femme à son tour emprisonnée entre désir et fidélité qui l'intéresse. Surtout quand, en cours de récit, on découvre que l'amant et le mari ne sont pas aussi rivaux qu'on pouvait le croire... Si 7 ans souffre d'une réalisation standard où le cadre et la photo semblent être quantité négligeable dans la démarche du cinéaste, il faut louer les efforts de Hattu pour filmer cette actrice épatante et trop rare qu'est Valérie Donzelli. Sorte d'Agnès Jaoui en beaucoup plus charnelle - le film évite d'ailleurs toute pudibonderie, sans jamais tomber dans le sexe glauque et désenchanté -, Donzelli s'empare de son personnage pour en faire un être complexe, opaque, dont les motivations et la psychologie resteront mystérieuses, aussi changeantes que les climats saisonniers (plutôt froids, tout de même) qu'elle traverse. Crédible en petite-bourgeoise provinciale subitement désarçonnée par une situation inextricable, elle emmène le film vers des rives troubles et obscures qui lui donnent un charme assez pervers.Christophe Chabert