ÉLECTION 1 & 2

Mercredi 14 février 2007

De Johnnie To (Hong-Kong, 1h41 & 1h35) avec Cheung Siu Fai, Lam Ka Tung, Wong Tin Lam (Election 1), Louis Koo, Simon Yam, Nick Cheung (Election 2)

Somptueux diptyque mafieux hongkongais réalisé par le prolifique et surdoué Johnnie To (Breaking News, PTU, Running on Karma...), les films Election 1 & 2 prennent pour toile de fond l'élection du nouveau chef de la triade Wo Sing, une des plus anciennes sociétés secrètes criminelles de Hong-Kong. Derrière le vernis pseudo-démocratique, les luttes intestines pour imposer l'un ou l'autre des candidats font rage, et les moyens les plus retors déboulent rapidement sur le tapis... Loin des mélodrames lyriques et grandiloquents qui ont fait la gloire du polar hard-boiled made in Honk-Kong, Johnnie To propose ici un portrait du microcosme mafieux à la violence sèche, effarant de réalisme. Pas de héros, juste un combat sans foi ni loi de bêtes sauvages avides et sanguinaires. Pas de fusillades chorégraphiées, mais de sordides assassinats à l'arme blanche. Pas de morale enfin, puisque les personnages a priori les plus sympathiques se révèlent au final les pires des monstres, dénués de la moindre morale. Si chacun des deux volets, basé peu ou prou sur le même schéma scénaristique, bénéficie d'un soin identique dans la réalisation (mise en scène classieuse, interprétation impeccable, et surtout cette capacité inégalable à renouveler de A à Z les situations les plus éculées.), Élection 2 se distingue néanmoins par un propos encore plus jusqu'au boutiste. Situé, à l'inverse du premier, après la rétrocession de Hong-Kong à la Chine, il repousse non seulement encore d'un cran la violence dans des scènes d'une barbarie rare (cf. le traumatisant épisode du chenil), mais offre également une mise en perspective à donner le vertige. Où le plus immoral des mafieux se retrouve à pleurer comme un gosse, devant l'étau économico-politique dans lequel il s'est enferré. Imparable, tout simplement.