Agua

Mercredi 14 février 2007

de Verónica Chen (Argentine, 1h29) avec Rafael Ferro, Nicolás Mateo...

Bonne surprise que ce deuxième film de Verónica Chen, et encore une bonne nouvelle venue d'Argentine. Il faut certes un peu de temps pour rentrer dans Agua : on s'y immerge progressivement, mais quand le corps s'habitue à sa température oscillant entre le chaud et le froid sans jamais virer au tiède, la baignade vaut largement le détour. On suit d'abord les vies a priori sans lien de Goyo, qui traverse le désert pour revenir vers la ville comme un lointain cousin errant d'Harry Dean Stanton dans Paris Texas, et de Chino, qui rêve de devenir champion de natation mais qui vasouille systématiquement toutes ses compétitions. Quand on découvre que Goyo est lui-même un ancien champion rétrogradé pour cause de dopage, et quand les deux se retrouvent sur les bords de la piscine, l'un rêvant de revenir et l'autre sur le point de raccrocher le slip de bain, Agua trouve son rythme de croisière. C'est cette intrigue, en tous points digne du meilleur des films sportifs puisqu'il permet une étude de personnages saisis dans leurs moments de doute, de dépassement, de succès et surtout d'échec, qui fixe la ligne de flottaison du film. Dès lors, Verónica Chen met en scène d'impressionnants plans aquatiques, travaille sa bande-son comme un morceau de musique concrète et érotise à l'extrême le corps de ses deux magnifiques acteurs ; cette beauté-là n'est toutefois jamais superfétatoire, elle se met toujours au service d'un récit inattendu jusqu'à son dernier très beau plan.CC