Fortiches british

Mercredi 7 février 2007

Il n'y a pas que des grands films dans la programmation du Ciné O'Clock 2007 au Zola, mais elle prouve que quand le cinéma anglais est bon, il est quand même très très bon.CC

Photo : The Queen

Le cinéma anglais nous ravit. Pour une raison simple : la plupart des cinéastes britanniques ont des trucs à dire, et ils sont doués d'une capacité créative qui leur permet d'inventer sans arrêt des formes spectaculaires pour parler de leurs sujets. On citera d'abord deux grands absents de cette édition de Ciné O'clock au cinéma Le Zola de Villeurbanne : Paul Greengrass et Christopher Smith. Le premier réussit à importer sa technique de cinéma-vérité à n'importe quel territoire, blockbuster friqué (La Mort dans la peau) ou reconstitutions d'événements contemporains (Bloody Sunday, Vol 93) ; le second a redonné du souffle au cinéma d'horreur en le prenant au sérieux (Creep) ou en le mariant intelligemment avec la satire politique (Severance). Mais prenez Stephen Frears : avec The Queen (repris au Ciné O'Clock), il réussit l'exploit de traiter son sujet (la réaction de la famille royale après la mort de Lady Di) et d'en traiter un autre avec autant de brio (le moment où Tony Blair renonça à ses idéaux de gauche pour amorcer un tournant libéral). On n'a pas assez dit que The Queen marque aussi une vraie prouesse dans sa capacité à intégrer sa fiction aux documents d'archives, sans que l'un ne vienne affaiblir l'autre. En bonus, Ciné O'clock propose de redécouvrir un film méconnu de Frears, relevant de sa veine «sociale», Liam.Jeunesse et patrimoinePour tous ceux qui n'ont pas encore vu Red Road d'Andrea Arnold, séance de rattrapage obligatoire au Zola : partie d'un concept entre le dogme et Lucas Belvaux (une trilogie faite par trois réalisateurs différents mais avec des personnages qui se croisent d'un film à l'autre), la cinéaste signe un film singulier et d'une grande force morale et cinématographique. Tourné caméra à l'épaule au plus près d'un personnage qui elle-même joue avec des caméras (de surveillance), le film est un grand trompe-l'œil qui interroge tous les hors-champs, filmiques mais aussi psychologiques (un coupable est-il forcément une ordure ? Et une victime forcément un agneau de lait ?). Quant à Sean Ellis, on a déjà loué son Cashback ; à juste titre, car malgré ses faiblesses, il impose un ton et surtout une capacité à regarder le monde et les êtres avec une infinie délicatesse. Certes, en guise de contre-exemple à cette étonnante santé, le festival propose aussi en avant-première le redoutable Dernier roi d'Écosse, un truc sur Idi Amin-Dada (incarné par un Forrest Whitaker en roue libre) qui ressuscite le fantôme du plus affreux des cinéastes anglais, Alan Parker. Pour ce qui est du patrimoine, on préfèrera l'heureuse initiative qui consiste à déterrer un classique de la Hammer, maison-mère du film d'horreur anglais des années 60 : Le Cauchemar de Dracula, avec le génial Christopher Lee dans le rôle du vampire. Yeah !CCCiné O'clockAu Zola (Villeurbanne)Du 31 janvier au 6 février
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