Pars vite et reviens tard
de Régis Wargnier (Fr, 1h57) avec José Garcia, Lucas Belvaux, Marie Gillain...
Alors là ... Touche-t-on le fond du fond du polar français ou sommes-nous déjà en train de racler les carreaux de la piscine ? Indescriptible, l'impression laissée par Pars vite et reviens tard relève du sentiment métaphysique : vide abyssal, cinéma zéro, temps subitement rendu à son essence pure de flux informe... Transformer le best-seller de Fred Vargas en thriller en fauteuil roulant est un exploit signé Régis Wargnier, qui dès le départ signifie lourdement au spectateur qu'il n'est pas là pour rigoler (du coup, tous les acteurs, à commencer par José Garcia, mauvais, oui, mauvais ! ne desserrent jamais les mâchoires et se font refaire entre chaque plan leurs poches sous les yeux) et balance en 20 minutes toutes les clés de l'intrigue. La peste va s'abattre sur Paris, mais pourquoi, hein, pourquoi ? Une heure trente pire que du Julie Lescaut plus tard, on aura la réponse via un flashback en Afrique (enfin, à l'écran, ça ressemble plutôt à l'Ardèche !). Pour mesurer l'étendue du désastre, signalons que le film, plus bavard que BHL un soir de beuverie, est ponctué par trois scènes «d'action» que l'on ne peut s'empêcher de raconter (dans le désordre, histoire de ne pas tout dévoiler non plus) : une poursuite entre un trentenaire et un octogénaire (bonjour le suspense sur l'issue finale !) ; une autre où des flics en voitures cherchent à arrêter un type en roller sous un tunnel (c'est vachement dur !) ; et une dernière sur les toits expédiée en 12 plans et une minute trente (c'est pas du David Fincher !). Ça suffit comme ça, non ? CC