10 canoés, 150 lances et 3 épouses

Mardi 3 janvier 2006

de Rolf de Heer (Australie, 1h40) avec Crusoe Kurdal, Jamie Gulipili...

Les premières images de 10 canoés font un peu peur : beaux paysages australiens saisis en longs et lents travellings à fleur d'eau ou en hélico, en noir et blanc ou en couleurs. Entre Yann Arthus-Betrand et Connaissances du monde, ce début sent un peu le world cinéma, d'autant plus qu'une voix-off commence à nous conter sur un mode répétitif et naïf une histoire aborigène ancestrale, avec maintes considérations sur comment fabriquer un canoé, comment se trouver une épouse quand on n'est pas chef de tribu... Rolf de Heer, cinéaste estimé pour la frontalité provocante de ses films (leur obscénité, disent ses détracteurs), aurait-il avalé une cassette des Bisounours avant de s'enfiler quatre litres de Banga ? Il faut attendre un peu pour que le film prenne ses aises, dans tous les sens du terme : avec un «qui a pété ?» qui, effectivement, fera frémir la mémé qui les trouvait jusqu'ici si mignons, ces sauvages... S'ensuivent quelques considérations sur la taille de leur bite, l'avoir ou non à l'air, et autres sujets particulièrement triviaux. Même les images pètent un plomb : gros plan sur un gros bide, analyse poussée de matière fécale... C'est en définitive cette collision entre exotisme, conte primitif et quotidienneté cracra qui rend 10 canoés singulier. Cela ne fait pas tout, et le film a de nombreuses baisses de rythme, mais on ne mégotera pas devant cette œuvre vraiment mal élevée derrière ses atours proprets.CC